Tour à tour ingénieur, professeur, formateur de chercheurs,
conseiller de ministres de l'éducation, auteur d'oratorios et de
pièces de théâtre, polytechnicien et docteur ès lettres et sciences
humaines, l'A. a un sens aigu du paradoxe et de l'humour. Sa
capacité à Penser l'hétérogène (DDB, 1998) lui a forgé cette acuité
du regard capable de déceler à toutes les pages des Évangiles ces
légers décalages dans l'expression, ces situations «comiques», ces
contrastes parfois «choquants» auxquels une lecture trop sage ou
routinière nous a rendus insensibles. Certes, l'A., dans un
savoureux «propos d'avant propos», s'autorise de l'«humour juif»
(citant Marc-Alain Ouaknin et Dory Rotnemer) et évoque, en pince
sans rire, le sérieux «de la nature mature de l'humour!» (p. 43).
Il reste que la démonstration de l'A. nous a paru un peu laborieuse
malgré les innombrables points d'interrogation et points
d'exclamation qui ponctuent son commentaire qu'il qualifie lui-même
de «baroque». À la manière d'un Rembrandt, celui-ci débusque, en
«ombres et lumières», les mouvements tantôt graves, tantôt joyeux
voire «gouailleurs» des paroles et gestes de Jésus. L'enjeu,
finalement, est d'élaborer un concept, un «paradigme» (p. 133), de
l'humour qui nous aidera, peut-être, «à circuler de façon
suffisamment avertie (futée?) dans la luxuriance, simple et
déconcertante, des parcours évangéliques» (p. 133).
Il ne s'agit pas d'un travail d'exégèse. On ne fera donc pas à l'A.
un mauvais procès et on admettra que, pour son propos, il puisse
avoir recours tantôt à une traduction, tantôt à une autre. Un
lexique modeste clôt cet ouvrage qui se propose à qui ne
connaîtrait rien ou peu des Évangiles. Leur découverte fera-t-elle
sourire? C'est à chacun d'en faire l'expérience. Le Jésus qui se
profile ici est en tous cas divinement humain et familièrement
aimable. - J. Burton sj