Fondé en 1938 et rassemblant aujourd'hui environ six millions
d'adhérents, fréquemment rangé parmi les «nouvelles religions»
japonaises, le Risshô Kôsei-kai est un mouvement bouddhiste laïc
basé pour l'essentiel sur le Soûtra du Lotus. Bien qu'il s'inscrive
dans la tradition de Nichiren (13e s.), il s'est progressivement
démarqué d'interprétations littérales et militantes, voire
nationalistes, que l'on a plus d'une fois reprochées à son
concurrent plus puissant, le Sôka Gakkai. Son co-fondateur et
président, Nikkyô Niwano (1906-1999), développa progressivement des
contacts internationaux (à commencer par l'Asie du Sud-Est), des
relations de coopération interreligieuses (en particulier avec les
milieux unitariens ainsi qu'avec l'Église catholique et le
mouvement des Focolari), dans la perspective d'un engagement
collectif pour la paix et la réforme de la société, notamment par
le biais de la «Conférence mondiale des religions pour la
paix».Fruit de plus de trente années de contacts et de recherches
dans les sources japonaises accessibles au public, présenté en 2005
comme dissertation doctorale à Marburg, ce gros ouvrage documenté
propose une analyse minutieuse de l'évolution du mouvement et -
c'est tout un - de la pensée et du leadership du
président-fondateur de ce courant réformiste qui se présente à la
fois comme l'enseignement authentique du Bouddha et son adaptation
à la vie moderne et laïque. Il en décode la terminologie et les
cadres conceptuels, par exemple: les «moyens habiles» ou
«appropriés» (upâya, hôben), la diffusion de la compassion du
Bodhisattva, l'importance des rites de purification en faveur des
esprits des morts de la guerre.Le dernier chapitre émet quelques
réflexions critiques. À propos des relations interreligieuses, en
particulier avec le Vatican et les Focolari, l'A. s'interroge sur
la cohérence ou au contraire l'absence de correspondance entre les
déclarations «diplomatiques» destinées à l'opinion publique et les
commentaires à usage interne, d'autant que l'on semble, ces
dernières années, assister, chez ces différents partenaires, à un
regain des particularismes et des visées propres, au détriment des
valeurs partagées, des intérêts communs et des tentatives de
conciliation. - J. Scheuer sj