À la suite du développement des programmes spatiaux, la question de la possibilité pour l’homme d’aller habiter d’autres mondes étant récemment venue s’ajouter, avec une certaine crédibilité, à celle, déjà millénaire, de l’existence d’une pluralité de mondes habités, ce volume collectif interroge, d’un point de vue théologique, tout ce qui est supposé, fantasmé et impliqué par de tels questionnements et de tels espoirs. Les huit contributions qu’il comporte étant plus ou moins circonscrites, diversement rattachées au thème principal annoncé en titre et moyennement classées les unes par rapport aux autres, une solide introduction (C. Pian) tente de rendre raison de chacune d’elles. Plusieurs thématiques émergent : 1. l’existence d’autres mondes déjà habités (J.-L. Blaquart et A.-M. Reijnen), 2. la vocation de l’homme à aller habiter d’autres mondes que la Terre (A.-M. Reijnen), défendue par certains transhumanistes (M. des Closières), mais au risque de négliger 3. la nécessité, avant toute chose, d’habiter – de la meilleure des façons et, en particulier, de façon consciente et agissante (A.-S. Breitwiller) – ce monde terrestre qui a été pleinement vécu et sauvé par le Christ (M.-C. de Marliave). Renoncer à tenter de s’affranchir de ce bas monde n’interdit cependant pas qu’il faille faire comme si, désormais, il était lui-même devenu, notamment en raison des changements dramatiques en cours, un autre monde (C. Pian) en plus d’être déjà, en lui-même, différents mondes pour les êtres divers qui y vivent (S. Beaubœuf). Ces thématiques permettent d’aborder incidemment des sujets récurrents – la nécessité ininterrompue d’un regard désanthropocentré (J.-L. Blaquart) déjà mis en œuvre, étonnamment, dans le livre de Job en contre-pied de Gn 1 (S. Beaubœuf) ou encore les notions de monde, de nature, et de (co)habiter (S. Beaubœuf, M.-C. de Marliave, D. Waymel…) – et ce, à partir d’auteurs ou de publications incontournables : p. ex. Bruno Latour (C. Pian) ou Laudato si’ (A.-S. Breitwiller). Il est heureux que des théologiens osent anticipativement affronter ces questions posées par les développements scientifiques et techniques tout en reconnaissant, pour certains d’entre eux, que si elles peuvent paraître dérangeantes, mais pas nécessairement, elles offrent du moins l’opportunité de repréciser, voire de réinterroger certaines notions de la foi chrétienne. — J.-F. Stoffel