Handlungsnetze. Über das Grundprinzip der Ethik

P. Knauer
Morale et droit - Recenseur : Paul Lebeau s.j.
Ainsi que le suggère le titre allemand de cet ouvrage, l'A., jésuite, entend y souligner le fait que la plupart de nos actions interfèrent avec d'autres actions, les nôtres ou celles d'autres personnes, et qu'on ne peut en faire abstraction dans le jugement moral. Il avait déjà abordé ce sujet dans un remarquable article paru dans la NRT (87 [1965] 356-376). Il y soulignait que le jugement moral variera en effet selon les données objectives du cas. Il s'agit chaque fois de savoir d'abord si le mal entre directement et de façon formelle dans l'acte, ce qui dépend de l'absence ou de la présence d'une raison proportionnée. Le présent ouvrage a le mérite - sans doute sans précédent jusqu'ici - de reprendre l'ensemble des questions que soulève le recours au principe du double effet.
Il s'agit, précise-t-il, du principe fondamental de toute l'éthique, car il permet d'identifier en chaque cas ce qui est moral et ce qui est immoral. Un acte ne peut être intrinsèquement mauvais que s'il cause ou permet un dommage «sans raison proportionnée». Mais une raison proportionnée est autre chose qu'une raison «grave» ou «sérieuse», contrairement à ce qu'affirment souvent les manuels. L'absence d'une «raison proportionnée» se vérifie lorsque l'acte compromet l'ensemble ou la durée de la réalité en cause. L'A. propose également une «re-formulation herméneutique» du principe du double effet, à partir d'une nouvelle approche des fontes moralitatis: objet, intention et circonstances. Il souligne que l'objet moral d'un acte est déjà en lui-même intentionnel.
Il ne s'y ajoute une «intention» que si le premier acte est ordonné à rendre possible un autre acte, dont l'objet est alors déjà présent comme intention dans l'acte originel. L'A. confronte ensuite ce principe à d'autres conceptions éthiques: «l'impératif catégorique» de Kant»; l'utilitarisme; le proportionalisme; le conséquentialisme, ainsi que ces «fascinantes théories» qui ont été formulées au cours des dernières décennies par divers auteurs: René Girard; Merril Flood, Melvin Drosher, William Tucker et son «prisonner dilemma», et quelques autres. Ainsi encore, la formulation de normes morales en certains cas: coopération; démocratie; subsidiarité; liberté religieuse; système monétaire; reproduction par voie médicale; éthique sexuelle; euthanasie.
Après une approche purement philosophique de ces divers domaines, l'A. aborde la question de la pertinence éthique du Message chrétien, et de l'enseignement des Églises en ces matières. Sa réflexion est en ce domaine particulièrement nuancée, et pose la question du statut d'une «théologie morale». Il illustre enfin ce débat - et c'est sans doute un des chapitres les plus originaux de son livre - par une série de textes bibliques qui témoignent d'une conception non religieuse de l'éthique. La plupart des concepts traditionnels de la morale se trouvent ainsi revisités. On l'aura compris: cet ouvrage constitue une contribution majeure à la réflexion contemporaine en matière éthique. - P. Lebeau sj

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