Historia de l'Església a Mallorca. Del Barroc a la Il-lustració (1563-1800), vol. II

J. Amengual i Batle
Histoire - Recenseur : A. Pighin
Docteur en théologie et en histoire de l'Église, J. Amengual s'est passionné pour l'histoire religieuse des îles Baléares sur lesquelles il a déjà publié cinq volumes. La présente Histoire de l'Église à Majorque comportera trois tomes, mais les hasards de l'édition font paraître en premier lieu le t. II qui va de l'époque baroque au siècle des Lumières. Dans ce premier ouvrage d'ensemble sur le sujet, il a surtout rassemblé les résultats des études partielles d'autres historiens, souvent peu accessibles, en y joignant ses propres recherches ponctuelles. Les sources principales sont les archives paroissiales déjà publiées, les synodes diocésains, les visites pastorales et les visites ad limina, avec les catéchismes diocésains. Il y étudie la démographie, l'application du concile de Trente (1545-1563), les ecclésiastiques, les paroisses, les expressions culturelles, l'Université et les séminaires, la formation du clergé, le «lullisme», les finances, la réforme agraire, les réactions populaires et libérales.
L'A. note que le concile de Trente a produit une Église plus centralisée. L'Église demeure pyramidale et plutôt réactionnaire devant toute réforme extérieure à elle. La théologie n'évolue guère sauf pour l'exégèse. Le catéchisme faisait surtout appel à la mémoire. Le culte de Dieu et celui du roi allaient quasi de pair. Tout en s'améliorant, la culture du peuple demeura élémentaire au point de vue religieux. On gonfle le culte extérieur et le moralisme, comme si le salut dépendait avant tout de nos actes. Si la confession et l'eucharistie étaient florissantes, le baptême et la confirmation semblaient de simples rites sociaux. La religion se limitait au domaine spirituel et la splendeur du culte consolait quelque peu les masses de leur vie pénible. Les religieux favorisaient l'ascèse et la prière avec une certaine assistance aux pauvres et aux malades, mais sans chercher à éradiquer les causes de la misère. Les femmes étaient tenues à l'écart. La religion demeurait trop extérieure, sentimentale, théorique et sans liberté, car la religion du Prince déterminait celle de ses sujets, tandis qu'on faisait violence aux minorités et aux dissidents. L'union de l'Église et du pouvoir politique fut néfaste. La confession, trop inquisitoriale, devenait une torture, augmentant l'irresponsabilité des chrétiens et servant à dominer les consciences. Le système des dîmes et des bénéfices apparaissait de plus en plus pénible et injuste. Le peuple commença à réagir violemment. L'Église se souciait de conserver l'ordre politique et social, si bien qu'elle n'était nullement préparée aux réformes libérales du XIXe s., qui furent dès lors anticléricales. Cet ensemble annonçait la déchristianisation que nous connaissons aujourd'hui. Supérieur Général des Missionnaires du Sacré-Coeur et amoureux du catalan, J. Amengual ose regarder l'Église avec un regard filial et impartial. Le livre fait honneur à ses qualités d'historien. Cette petite île de 3000 km² avec ses 60 à 160.000 habitants apparaît ainsi comme un petit reflet de l'histoire de l'Église en Occident. - A. Pighin.

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