Spécialiste de Platon, Migliori, professeur de philosophie à
Macerata (au Sud d'Ancône), a donné à l'Université de Pise, une
série de conférences sur Le Sophiste. Elles sont reprises dans ce
volume. Il en profite pour exposer des vues originales sur deux
points importants: comment Platon écrit-il et dans quel but? Pour
Platon, en vrai disciple de Socrate, la philosophie est un travail
communautaire et une découverte progressive qui exige la
collaboration des lecteurs-auditeurs. Dès lors, le professeur doit
exposer des difficultés croissantes en fournissant des informations
incomplètes et non des solutions exhaustives. Son but, selon
Migliori, serait de sélectionner ainsi les «vrais philosophes».
Pour l'oeuvre ici étudiée, on sait que Platon voulait écrire une
trilogie dont il n'a publié que deux oeuvres, Le Sophiste et Le
Politique et pas la troisième, Le Philosophe. Ces deux dialogues
possèdent les mêmes personnages et font des allusions à ce qui a
été dit dans l'autre ouvrage. Les deux livres parlent d'un
interlocuteur étranger, venu d'Élée, dans le Sud de l'Italie,
patrie des grands sophistes, Parménide et Zénon, adversaires de
Platon et de sa philosophie dialectique prétendant arriver à la
vérité. Platon commence par déconsidérer les sophistes et leur
nature multiforme, chasseurs d'élèves riches et aimant à opposer
les doctrines entre elles pour leur dénier toute valeur. Puis
commence le débat sur l'ontologie. L'être n'est ni mouvement ni
repos, mais suppose la capacité d'agir et de subir, donc de
devenir. Le réel est dynamique, dialectique et non statique. Mais
qu'est-ce que l'être? Il est difficile de nier le non-être, car le
nier, c'est encore l'affirmer. L'image conceptuelle est à la fois
de l'être et du non-être. Etc. Des appendices précisent le rapport
entre le tout et les parties, le couple action-réaction, la
dialectique de l'être qui est «puissance» (dunamis). Migliori
insiste pour préciser que l'ontologie ne constitue pas l'essentiel
de la philosophie platonicienne. Puis les auditeurs exposent à
Migliori des objections sérieuses auxquelles il répond pour finir.
On se rend compte que les problèmes posés par Platon sont ardus et
que ses conclusions ne sautent pas aux yeux. - B.C.