Présenté par le Frère Timothy Radcliffe, maître de l'ordre des
prêcheurs, une dizaine de semaines avant la mort du grand
ecclésiologue dominicain (le 13 novembre 2000), ce petit ouvrage
d'un seul chapitre est devenu le dernier texte d'une vie de
recherches d'abord consacrées à la dogmatique et à la vie
religieuse, puis de plus en plus aux activités oecuméniques (en
dialogue avec l'anglicanisme, le protestantisme, l'orthodoxie). Le
fil rouge de tels «entretiens» (l'allusion aux Entretiens d'automne
du Père Y.-M. Congar est transparente) est pourtant une prière
juive, que Tillard crut longtemps prononcée dans le ghetto de
Varsovie, par un certain Yossel Rakover, lequel n'a peut-être pas
existé : «Je crois au Dieu d'Israël, bien qu'il ait tout fait pour
briser la foi que j'ai en lui» (11). C'est qu'au lieu de la
primavera de l'Église catholique, «l'hiver est venu, avant l'été et
les vendanges» (14). Sur ce fond d'inquiétude, le Père Tillard nous
offre de précieuses mises au point concernant les points majeurs de
sa pensée: l'Église locale, où la communauté humaine devient
communion des baptisés (29), la place qu'y peuvent tenir les
religieux, toujours plus oubliés (36), le rassemblement
eucharistique, mémorial de la Pâque et principe de la communion des
églises (41s.). Une sorte de grande lecture johannique de la
passion nous est ainsi proposée (cf. 80, etc.), toute proche de
l'interprétation récurrente des Éphésiens; mais c'est une citation
de H. de Lubac qui clôt cette ultime «méditation sur l'Église» - la
postface expliquant les circonstances de la rédaction. Le dernier
mot est donné à la contemplation du Père «qui voit dans le secret».
- N. Hausman, S.C.M.