Jérusalem centre du monde. Développements et contestations d'une tradition biblique

Jacques Vermeylen
Écriture Sainte - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
Quelle belle et intelligente initiative de choisir le thème de Jérusalem pour reprendre le message de l'Écriture dans sa globalité et de manière tellement actuelle, confinant à la fois à la mondialisation, au conflit israélo-palestinien et à la réalité symbolique! Nous en savons gré à l'A., exégète chevronné, professeur d'exégèse à Bruxelles puis à Lille et président de l'Association européenne de théologie catholique (A.E.T.C.). Il nous a déjà gratifiés de remarquables ouvrages sur la Bible, soit comme auteur, soit comme éditeur (cf. NRT 99 [1977] 757; 112 [1990] 417; 420; 118 [1996] 122; 124 [2002] 277); sa pertinence et sa rigueur sont sans faille.
Jérusalem et son temple: réalité centrale pour l'Israël biblique, qui prend petit à petit à travers l'Écriture une valeur hautement symbolique, comme le résumé du monde créé (chap. 1). Réalité aussi convoitée par les nations païennes, comme l'indiquent à l'envi les prophètes (notamment Isaïe et Michée) et les Psaumes (2; 46 et 48) (chap. 2). Au temps de Josias, c'est le «lieu» par excellence, celui de la centralisation du culte (2 R 22-23): «l'exclusivité du culte sacrificiel à Jérusalem ne pouvait que renforcer l'image déjà traditionnelle de la cité comme centre du monde» (p. 117) (chap. 3). Face à la ville sainte, nous voyons se profiler Babylone, l'anti-Jérusalem, avec un parcours à travers Gn 11,1-9, Is 13 et 24 et Jr 50-51 (chap. 4). À l'agressivité contre la ville élue se mêle un mouvement de reconnaissance de cette élection, et la restauration de la ville sonne le début de l'afflux des nations en pèlerinage (Ag 2; Za 1-8 et 14; Is 60 et 66; Jr 3; Is 2 et Mi 4) (chap. 5). Mais ce «système symbolique» sacrificiel se trouve largement contesté par les prophètes eux-mêmes (Mi, Jr, Am, Is) et même dans les psaumes): la vie ordinaire ne l'emporte-t-elle pas sur le culte liturgique? (chap. 6). Que deviennent alors le temple et sa symbolique dans le Nouveau Testament (Paul, les évangiles, l'Apocalypse)? La ville, qui a méconnu ses prophètes, sera foulée aux pieds par les nations, mais la nouvelle Jérusalem prophétisée par Ez 40-48, sans temple désormais, descendra du ciel comme une fiancée parée pour son époux (Ap 21) (chap. 7). Bref, Jérusalem apparaît comme centre cosmique et lieu de ralliement des peuples, mais aussi comme lieu de domination et de pouvoir totalitaire. Quel regard portons-nous sur la ville sainte? Traditionnel et centripète ou critique et centrifuge, ouvert à une fraternité universelle? Comme le dit l'A. sur l'argumentaire de la couverture: «La Bible apparaît ainsi comme le lieu d'un débat qui porte sur les questions les plus fondamentales: l'image de Dieu, le rapport au pouvoir, les relations entre nations ou entre groupes religieux». On ne sort pas indemne de la lecture de ce livre: Jérusalem est à l'image de nous-mêmes et notre foi s'y trouve mise en question. - J. Radermakers sj

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