Le sujet de la violence dans la Bible ne cesse pas de faire couler
de l'encre. L'A., professeur à l'Univ. de Waterloo au Canada
(Ontario), ancien chapelain d'hôpital et de prison, engagé dans
l'action non-violente, examine à nouveaux frais un nombre
significatif de textes qui pourraient, selon lui, implicitement ou
explicitement, inciter, voire justifier une forme de violence. S'il
conclut qu'en fait le NT conduit plutôt à une subversion de la
violence, il n'évite pas d'affronter toutes les difficultés sans
les masquer, présentant en particulier différentes interprétations
possibles (du milieu exégétique américain), avant de conclure
personnellement. Cela nous vaut une série d'études scripturaires
passionnantes: «tendre la joue droite» (Lc 6,27-30) et «aimer ses
ennemis» (Mt 5,43-45); la parabole du débiteur impitoyable (Mt
18,23-35); l'épisode du Temple; la mort de Jésus et les différentes
théories de la rédemption (substitution, exemplarité morale,
récapitulation dans le Christus Victor); la question de la
subordination à la violence et aux autorités (Rm 13); les «combats
guerriers» (Ap et Ep 6). Si l'ennemi a été tué (Ep 2,16), il s'agit
bien d'une victoire sur la violence et non pas d'une victoire de la
violence. Mais dès lors que la Parole s'est faite chair dans un
monde marqué par la violence, qu'elle parle de l'intérieur de ce
monde et qu'elle s'adresse à des hommes dont l'esprit et
l'imagination sont eux aussi marqués par la violence, elle ne
pouvait que prendre le risque de paraître elle-même empreinte de
violence mais pour finalement la retourner et la vaincre. - S.
Dehorter