C'est une étude de belle facture que nous offre l'auteur, sous ce
simple titre. On y découvre d'abord les «trajectoires et fragments
d'une vie» (avec d'utiles mises au point sur la vie privée du
théologien), puis un parcours de l'oeuvre selon les trois périodes
indiquées par Barth lui-même (voir notre recension dans NRT 123
[2001] 302): jusqu'à la théologie dialectique, jusqu'à la
Dogmatique ecclésiale, jusqu'à la Postface sur Schleiermacher. Le
troisième chapitre présente la Dogmatique en une bonne soixantaine
de pages, la méthode étant de la lire à partir de «l'incertitude de
sa fin», puisque Barth ne put achever son eschatologie; par là,
l'A. a voulu «permettre un accès plus aisé aux textes de la
Dogmatique retenus dans l'Annexe tout en éclairant d'autres aspects
de l'oeuvre dont il est par ailleurs question dans les différentes
parties de ce livre» (121); ce chapitre s'achève sur un exposé des
six «motifs» que G. Hunsinger voyait (contre Balthasar) s'organiser
dans la construction dynamique de la dogmatique barthienne (167).
Intitulé «Réception et postérité», le quatrième chapitre est sans
doute le plus attendu: après la réception protestante (francophone
et germanophone), l'A. évoque la réception catholique (germanophone
et francophone), puis la réception anglophone de plus en plus
importante; mais surtout, il termine par la réception de l'éthique
barthienne, qu'il considère comme un chantier captivant et souvent
occulté (186). Auront droit à des paragraphes spéciaux, du côté
protestant, J.-L. Leuba et J. Ellul, A. Dumas et R. Mehl, P.
Tillich et D. Bonhoeffer, R. Bultmann - G. Ebeling et J. Moltmann -
W. Pannenberg, E. Jüngel et T. Rendtorff; du côté catholique, E.
Przywara, H.-U. von Balthasar et H. Küng, puis H. Bouillard et même
B. Bourgine (une page et demie, non sans réserve); citons encore
les anglophones: Frei, Lindbeck et Hauerwas pour la théologie
postlibérale, puis Hunsinger déjà cité et G. Ward pour sa
comparaison entre Barth et Derrida. Pour finir, l'A. se situe
lui-même dans la généalogie («empreinte et déprise de Barth»),
avant de nous offrir un choix de douze textes qui devraient
permettre d'approcher une oeuvre si imposante que ses détracteurs
se demandaient si Barth lui-même l'avait lue. - N. Hausman, scm