C’est une version allégée et réécrite pour le grand public de sa thèse, consacrée à l’accompagnement spirituel de la naissance, qu’Élise Cairus, femme mariée et théologienne protestante, nous livre ici. C’est aussi un livre d’occasion car elle-même a été fortement sensibilisée à cette question en manquant de perdre la vie à la suite d’une complication post-partum. C’est d’ailleurs une qualité majeure de ce livre : son caractère très incarné, faisant également suite à la réalisation de nombreux entretiens mais aussi à l’accompagnement de femmes, ce qui lui confère une touche empreinte d’une grande justesse de vie.

Le livre s’organise en deux parties : l’une sur la naissance elle-même, l’autre sur l’accompagnement spirituel de celle-ci. La naissance est ainsi reconsidérée non plus comme un acte anodin, simple formalité vécue en toute sécurité, comme l’extrême médicalisation de celle-ci pourrait nous le laisser penser. Elle est à reconsidérer avec la mort, avec les risques, avec tout ce qu’elle peut comporter de souffrance et, également, dimension essentielle, comme un vrai chemin spirituel en ce qu’elle est don et vient bouleverser toute vie. La deuxième partie sur l’accompagnement permet d’abord un rapide rappel de son sens spirituel, en particulier quand il s’agit de la naissance : l’A. propose de s’aider et d’aider avec la figure de Marie. Elle aborde ensuite des cas concrets, sur l’infertilité – sujet ô combien délicat faisant souvent l’objet d’oublis ou d’impairs dans nos paroisses – sur la naissance d’un enfant porteur de handicap, sur l’interruption de grossesse – envisagée avec réalisme et respect de la diversité des causes – et tous les deuils pendant la grossesse ou à son terme. De belles propositions pour accompagner concrètement ces deuils sont faites.

Un livre précieux pour accompagner les familles avec tact, a fortiori pour des célibataires consacrés qui ont moins cette expérience « de l’intérieur » qu’Élise Cairus nous livre ici avec douceur mais sans faux-semblants. — I. Payen de La Garanderie