L'ange tutélaire, nous apprend l'A., docteur en anthropologie, se
présente d'abord, dans la péninsule ibérique, comme gardien des
cités, jouissant d'un culte civique, à l'instar du saint patron
local. Il est souvent assimilé à (ou accompagné de) saint Michel.
Devenu protecteur personnel, anonyme et exclusif (au contraire du
patron de baptême), honoré le mardi, il est fêté le 2 octobre.
François de Sales invoquait tant l'ange des lieux où il prêchait
que les anges de ses auditeurs. Les jésuites, et particulièrement
le P. Jacques Coret (cf. L'ange conducteur en 1683), en propagent
la dévotion. Son statut correspond au statut de la personne qu'il
accompagne. Protecteur dans les tentations et dans les dangers,
invoqué lors de l'examen de conscience, il est présent à l'agonie,
au jugement et jusqu'au purgatoire, où il apporte au défunt des
nouvelles de ses proches. Il veille sur les enfants non encore
baptisés. Représenté comme un jeune homme, accompagné parfois de
son petit protégé, il s'infantilise et se féminise au cours des
siècles. Vers 1850, apparaît le petit Jésus sous les traits du
petit ange. L'Église ne reconnaît ni le statut de «petit ange»
accordé aux jeunes défunts (anjinhos), ni le choix d'un ange
gardien parmi les aïeux décédés. Accompagne-t-il également les
non-chrétiens? Abandonne-t-il les pécheurs? Jean XXIII en
recommande la dévotion. Padre Pio l'utilise comme réveille-matin.
La Confrérie des saints anges gardiens, fondée au XIXe siècle,
compte aujourd'hui 14 500 associés. Une mine de renseignements. -
P.-G.D.