À une époque où le terme « création » est aussi
omniprésent que maltraité, l'A. poursuit, dans ces deux ouvrages,
sa réflexion sur l'origine du monde, de l'homme et du mal, tout en
conservant les caractéristiques appréciables qui sont les
siennes : une attitude de confiance à l'égard d'une science
perçue comme poursuivant, elle aussi, la quête de la vérité, mais
au niveau qui est le sien ; la conviction qu'il faut oser
prendre le risque de se laisser interroger par ce qu'elle a de
pertinent à nous dire ; la certitude que l'unité de la pensée
est à reconstruire périodiquement. Le premier de ces ouvrages nous
semble se démarquer des précédents principalement par sa première
partie, laquelle s'attache, d'une part, à distinguer soigneusement
les notions d'origine et de commencement sans pour autant couper
tout lien entre elles et, d'autre part, à tenter de comprendre
pourquoi, historiquement, la création a été si longtemps identifiée
erronément à un commencement dans le temps. Plus dense, plus vif,
mieux structuré, en un mot mieux réussi, le second nous offre,
après des décennies de réflexion, la quintessence de la pensée de
l'A. au sein de ce qui est véritablement un excellent ouvrage de
vulgarisation. Il présente en outre l'intérêt, signalé par son
titre, de faire ressortir les points d'oppositions entre, d'une
part, cette pensée et, d'autre part, le fondamentalisme,
l'intégrisme et le créationnisme. Il paraissait en effet évident
que l'A. finirait, tôt ou tard, par aborder ces déviances
intellectuelles non seulement en raison de leur actualité
persistante, mais peut-être aussi et surtout dans la mesure où
elles manifestent une attitude de peur et d'absolutisation d'un
état du savoir, qui est diamétralement opposée à la posture que
l'A., en raison de sa théologie de la création, peut faire sienne
en toute sérénité, à savoir une attitude de confiance et d'accueil
de la nouveauté à l'égard d'un savoir reconnu comme étant en
perpétuelle évolution. - J.-F. Stoffel