L'édition originale, néerlandaise, s'intitulait Fatigués de
devoir choisir en écho à l'ouvrage d'Alain Ehrenberg (La
fatigue d'être soi) dont les A., un médecin-jésuite et une
psychothérapeute, reconnaissent s'être «largement inspirés». Ils
présentent ici une réflexion, non pas psychiatrique mais
socioculturelle et spirituelle, sur le phénomène occidental que
constitue la dépression nerveuse, définie comme une fatigue
chronique de l'autonomie (angoisse, insomnie, épuisement, stress)
face au «choix multiple continu» inconnu des générations
précédentes. Choisir, c'est perdre: les choix surabondants qui nous
sont imposés nous privent de liberté. Tant les dépressions que les
addictions qui les accompagnent nous obligent à remettre en cause
notre façon de vivre. Ce n'est pas l'autodétermination qui nous
épuise mais l'absence des conditions indispensables à son exercice.
Que faire? Rendre notre autodétermination moins dépendante de
facteurs tels que santé, argent, talents, fonctions, relations;
réapprendre à vivre avec nos propres limites et à renoncer à notre
faux moi; entrer en relation avec la nature, avec les autres et
avec Dieu; avoir le courage d'être à la fois nous-mêmes et partie
d'un tout. Le dernier chapitre, «l'autodétermination-en-relation»,
concerne deux situations particulières: la fin de vie (différents
exemples vécus: euthanasie, sédation palliative…) et les relations
conjugales et familiales. Le point de vue chrétien et l'exemple du
Christ sont chaleureusement évoqués. La traduction n'est pas
uniformément fluide. I did it my way est traduit par
J'ai fait mon chemin. Les auteurs cités sont très
majoritairement néerlandophones. - P. Detienne sj