La philosophie «continentale», à la suite de Heidegger (on se
souvient du pamphlet de Michel Henry, La barbarie), a du mal a
penser la technique d'une manière positive. L'Association
Canadienne Française pour l'Avancement des Sciences a donc organisé
en 1997 un colloque dans le but de corriger cette perspective, ou
du moins de nuancer les vues trop négatives que les philosophes
opposent aux développements de la technique que nous observons
quotidiennement. En fait, suffit-il de protester contre la
globalisation technique parce qu'elle neutralise toute
personnalité? Suffit-il de revendiquer les droits de quelque
transcendance? Bien souvent, ces inquiétudes n'existeraient pas si
elles ne s'appuyaient pas elles aussi sur des possibilités offertes
par la technique, espérées grâce à elle. L'autre de la technique,
dit un auteur de ce collectif fort intéressant, est encore
technique. On peut toutefois penser que la technique se développe
parce qu'elle est toujours insatisfaite de ses résultats. On
reconnaît alors que son autre lui est intérieur, qu'il peut être
discerné en elle lorsque nous apercevons le degré d'insatisfaction
qui l'accompagne. Les onze essais publiés ici le montrent; ils sont
rédigés par des chercheurs de différentes aires, philosophique,
théologique, des sciences des religions, de la sociologie, de la
psychologie, des sciences de l'éducation, et aussi du design. - P.
Gilbert sj