L’aventure de la prière en couple. Itinéraire de joie

Marie-Anne Lucas
Spiritualité - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.

Prier en couple est une aventure : le désir ne suffit pas. Il est bon de le susciter et il s’agit de s’exercer, de suivre peut-être une pédagogie pour comprendre les traits de cette prière conjugale et déjouer les pièges que contiennent ces échanges à deux devant et avec Dieu. Sous une forme très pédagogique et à travers quelques récits-témoignages, l’A. transmet des conseils pour prier à deux. Il n’est pas simple de traduire et de transmettre une expérience si intime, mais l’aide de Marie-Anne Lucas est précieuse. Elle nous ouvre aussi à deux traditions spirituelles qui l’ont nourrie : la pédagogie de Thérèse de Lisieux et celle d’Ignace de Loyola.

Nous pouvons ainsi faire la connaissance de quatre modes de prière : la prière de l’oreiller (le plus souvent quotidienne et avant le repos de la nuit), la prière de relecture (pour discerner le sens et l’écho personnel du vécu familial), la prière de circonstance (qui met un trait d’union avec des événements de la vie du couple : déménagement, accueil d’un enfant, deuil), le dialogue contemplatif (qui place les conjoints devant les faits et gestes du Christ).

À chaque fois, un kit de prière est décrit : il sert d’aide-mémoire et de fil conducteur. Ensuite, le récit d’un mode d’emploi et des témoignages apportent de la consistance au kit présenté. Un aperçu des « voies sans issue » est proposé en quelques pages (p. 117-126) et s’avère être un repère utile pour le discernement et l’approfondissement de la prière. À ce propos, notons que malgré les nuances de sa présentation et les appels à la prudence, l’A. ne rend pas assez compte des réelles difficultés de la prière de couple. La vie conjugale n’est pas toujours un « long fleuve tranquille » et les périodes de désolation spirituelle sont nombreuses comme dans la prière personnelle. Il faut en rechercher les causes (difficultés de la foi pour l’un ou l’autre, péchés non pardonnés, périodes de dépression, décisions contradictoires dans la vie de couple) et montrer comment les dépasser. Autrement dit, tout en montrant la grâce de cette prière commune et ses fruits de communion, il faudrait avouer qu’elle n’est pas toujours possible et peut-être insister sur d’autres prières conjugales plus simples (et moins mentales) telles que le chapelet, la lecture commune des psaumes ou la prière d’un office monastique. Le partage langagier des sentiments et des pensées dans la prière conjugale est un chemin ardu et il doit affronter la différence homme-femme dans l’expression des émotions ressenties. Ce guide montre des chemins : l’insistance sur l’acte de foi est notable et nous indique la joie, mais aussi le défi de ces formes de prière.

La comparaison avec une marche en montagne est une aide précieuse. La distinction entre les types de prières nous semble claire et suggestive. L’explication de l’importance de la prière de demande (p. 104-108) sera fort appréciée. Nous avons particulièrement goûté « la prière de l’oreiller » qui semble une étape spirituelle, simple, ordinaire et bien praticable pour beaucoup. Dans la régularité, elle rejoint l’intimité du couple en plaçant Dieu à sa juste place : sa fréquence et son opportunité sont certainement un tremplin pour la communion interpersonnelle. On lira avec profit le sens du « Notre Père » prié ensemble et surtout la symbolique très profonde de la bénédiction solennelle des époux (p. 55-56). — A.Mt.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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