À prendre chacun des termes : éros, Christ
et sophia dans leur acceptation courante de
désir, de Messie et de sagesse, le titre de ce livre est pour le
moins surprenant. Il semble parler de la face féminine et
« érotique » de Dieu reflétée dans la beauté de l'Oint qui invite à
contempler sur son visage la sagesse divine vers laquelle aspire
toute la création. L'enracinement biblique et la Révélation, que la
théologie déploie, le permettent. Les Proverbes (Pr 1-9) et le
poème qui y est enchâssé (Pr 8,22-31) offrent la possibilité
d'une lecture où la Sagesse « personnifiée » désigne de concert
- le choix est controversé - la surprise féminine (« … tu
ne sais d'où il vient ni où il va », Jn 3,8) et la tâche
masculine du Verbe ouvrier (« … et sans lui rien ne fut »,
Jn 1,3). Les 450 notes témoignent de la difficulté et de
l'intérêt du thème exploré. Il y a donc une théologie de
l'érossollicitée dans les parages de la mystique sponsale
féminine mais qui se glisse aussi déjà dans la spiritualité rhénane
avec « Le livre de la Sagesse éternelle » de H. Suso, disciple
de Maître Eckart, où fleurit au service de l'âme éplorée le
vocabulaire de la poésie courtoise. On ne manquera pas de
citer L'Éternel féminindu p. Teilhard de Chardin. On
renseignera aussi le Penser la création comme
jeu du p. F. Euvé. Avec ces travaux (et les pages
consacrées à C. Yannaras, penseur orthodoxe présentant une
théologie apophatique de l'éros mettant en cause « la
théologie métaphysique de l'occident ») nous sommes invités par
F. Nault à « être attentifs à l'inscription du christianisme
dans l'organisation contemporaine du pensable ». « Un hommage rendu
à la beauté de la femme et une célébration de la face féminine de
Dieu ». - J. Burton s.j.