L'espérance de Caïn. La violence dans la Bible

Pierre Gibert
Écriture Sainte - Recenseur : Jean-Louis Ska s.j.
Il est fréquent d'entendre reprocher à l'Ancien Testament la violence de nombreuses pages et de lui opposer l'esprit du sermon sur la montagne. Sur ce point, Marcion a encore de nombreux disciples. On se souviendra aussi que l'évêque arien Wulfila («Wölflein», «Petit Loup»), d'origine cappadocienne, qui le premier entreprit au quatrième siècle de traduire la Bible en gothique, s'abstint d'inclure dans sa traduction les livres de Samuel et des Rois parce qu'il ne voulait pas que ses lecteurs, fraîchement convertis, puisse y trouver le moyen de justifier leur moeurs violentes. L'historien A. Toynbee le loue pour sa sagesse.
Par ailleurs, beaucoup a été publié ces derniers temps sur ce sujet et le livre de P.G. s'inscrit dans le courant d'un effort de réflexion assez typique de notre époque marquée par de nouvelles formes de violence, les unes plus cachées et les autres plus spectaculaires. L'A. tient à montrer que ni la Bible ni le monothéisme ne peuvent être accusés d'être fatalement violents. Il reprend la lecture de toute la Bible, Ancien et Nouveau Testament, depuis la Genèse jusqu'à l'évangile, en particulier les récits de la passion. Il montre que la Bible cherche elle-même à conjurer, à exorciser et à dépasser la violence. Caïn, par exemple, le premier meurtrier, est protégé par Dieu et le fameux «signe de Caïn» rendu célèbre par Victor Hugo a en fait pour fonction d'arrêter la violence qui pourrait s'exercer à son égard. Une autre page traitée de façon magistrale par P.G. est le décalogue qui, selon l'A., unit de façon indissoluble la révélation de la volonté de Dieu et l'interdiction du meurtre: «[…] l'affirmation monothéiste ouvre à la plus grande tolérance qui soit, celle du respect de l'être humain, quel qu'il soit, israélite ou non» (p. 84). Les récits bibliques illustrent cette interdiction, ou bien ils ont une fonction de katharsis lorsqu'ils aident à «gérer la violence intérieure et communautaire de celui qui est faible et impuissant en lui donnant à croire et à espérer» (p. 162). Les développements sur les récits de la passion sont d'autres pièces de choix de ce volume qui aborde avec courage et compétence un sujet particulièrement difficile. Un index des citations bibliques complète l'ouvrage. - J.-L. Ska, S.J.

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