Frère du cardinal, Alain Daniélou (1907-1994) se consacra notamment
à l'étude des musiques de l'Inde. Bien qu'en marge du monde des
orientalistes, qu'il n'appréciait guère et qui ne l'appréciait pas
davantage, il se fit aussi connaître par plusieurs ouvrages sur la
culture et la spiritualité indiennes. Ayant fréquenté certains
milieux traditionnels hindous, il se présentait en quelque sorte
comme leur interprète en Occident. D'abord sous le charme de cette
personnalité peu commune et chargé de travailler à l'édition de ses
oeuvres, l'A. s'aperçut bientôt que Daniélou avait pris quelque
liberté avec la pensée de maîtres hindous dont ils se réclamait et
que sa vision «traditionnelle» procédait pour une bonne part de
reconstructions assez personnelles, marquées en outre par un vif
ressentiment à l'égard de son éducation chrétienne. Fruit d'une
enquête minutieuse sur les sources de Daniélou, le livre propose un
regard critique sur l'homme et l'oeuvre. Parfois proche du
réquisitoire, il n'est pas loin de dénoncer une part de mauvaise
foi. Une pièce intéressante à verser au dossier des relations
parfois ambiguës entre l'Inde et l'Occident. - J. Scheuer sj