L'icône fenêtre sur le Royaume, préf. B. Bobrinskoy

M. Quenot
Arts et Lettres - Recenseur : G. Navez s.j.
Avec finesse, clarté et concision, l'A. nous explique l'origine, le développement de l'icône, ce qui la caractérise comme irruption de gloire dans l'avant-goût réel et immédiat de l'expérience vivante de l'Église (orthodoxe), comme manifestation, image profonde du Christ Dieu et homme vivifiant, ou de visages illuminés parlant de Dieu et des hommes. Oeuvre de prière, dépouillée des soucis de séduction terrestre, l'icône doit être vraie avant d'être belle, détachée pour être parlante, théologie en images authentiquement visualisées. «Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu»: l'icône rend en couleurs ce que la Parole donne en mots. Elle est bien plus que cette image religieuse à laquelle l'Occident est trop souvent tenté de la réduire. Pour l'orthodoxie, les icônes et la liturgie ont une grande importance. L'A. a le mérite de retracer en bref toute l'histoire des icônes, avec ses fondements, la crise iconoclaste (visant à sauvegarder le Dieu unique au-delà de toute image), la justification des icônes par l'incarnation commentée par les grands théologiens orientaux, les variantes byzantines, coptes, russes, grecques, égyptiennes, etc. Dans les icônes, le souci théologique symbolique expressif du sens spirituel doit toujours avoir le pas sur l'aspect extérieur ou purement esthétique, superficiel et terrestre. Tout, vêtement, attitudes, paysages, veut rendre un mystère qui dépasse le pur réalisme sensible. Le symbolisme des couleurs montre bien qu'il s'agit d'un monde nouveau, transcendant et non enlisé dans le sensible et le profane. L'A. nous explique bien les canons de l'icône, leur but, les lois de sa structure, les éléments de sa théologie. Il analyse aussi les types les plus courants d'icônes comme la Mère de Dieu en majesté, en orante, Mère de tendresse; le Pantocrator et la Déisis (intercession); l'icône de la Résurrection et de la Descente aux enfers. À une époque où l'image envahit la vie quotidienne, l'icône est précisément image d'un monde non pas désincarné au sens où il refuserait sa création, mais transformé, transfiguré, rayonnant dans le cosmos tout entier; pensons au visage du Christ incarné, comme au Thabor. L'icône doit nous faire pressentir les fils de Dieu que nous sommes, elle doit illuminer nos ténèbres. Elle peut être une rencontre qui confère des énergies divines, nous révèle que plus est en nous, et nous en fait vivre. - G. Navez, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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