L'institution des sacrements dans le Commentaire des Sentences de saint Thomas

B.-M. Perrin osb
Théologie - Recenseur : Alban Massie s.j.
Dans cette thèse de théologie historique défendue à Toulouse, l'A., moine de Fontgombault, analyse minutieusement les distinctions opérées par Thomas d'Aquin quant à l'institution des sacrements dans l'économie du salut. Plutôt que la Somme, a été choisi comme champ d'étude le quatrième livre du Commentaire du Livre des Sentences enseigné au cours du premier séjour parisien de Thomas (1252-1256). «Signe d'une réalité sacrée» selon Pierre Lombard, le sacrement est cause de sanctification et remède pour la santé de l'âme, sans exclure la raison de signe. L'A. reprend une à une les distinctions de l'Aquinate qui insèrent l'étude des sacrements chrétiens dans la notion générale des signes déjà présents sous la loi de nature, et aux temps des patriarches, sous la loi ancienne. Les sacrements interviennent donc dans la pédagogie divine en fonction des âges de l'humanité, selon des régimes divers orientés par l'économie rédemptrice du Verbe incarné. Ils préparent l'action du Christ, qu'il s'agisse de la foi des patriarches, de leur pénitence, du mariage, des sacrifices - liés à l'ordre de la nature -, des sacrements mosaïques de la loi ancienne - d'ordre figuratif mais nécessaires - et prolongent cette action dans le septénaire chrétien.
L'A. souligne les influences de Thomas: Albert et Bonaventure, mais aussi Aristote et le Pseudo-Denys. À partir du Philosophe, il explique la mutabilité des sacrements en affirmant que leur action doit être proportionnée aux conditions de la nature humaine. Avec l'Aréopagite, il souligne que la remontée de l'esprit vers les réalités divines se fait à partir des symboles sensibles. Reprenant Hugues de Saint-Victor, il associe la guérison opérée par le sacrement à l'illumination. Augustin semble peu présent dans les débats, hormis sa conception de la permanence de la foi chrétienne à travers les temps. Contre Bonaventure qui, parlant des rites, se fondait sur le texte des évangiles pour défendre la thèse contraire, Thomas, à la suite d'Albert, affirme un christocentrisme sacramentaire parce qu'il insiste sur la «représentation efficace de la réalité sacramentelle» (p. 590). L'institution des sacrements n'omet pas le rôle de l'Église dans la détermination des rites. De même, l'insistance sur l'humanité du Christ met à l'arrière-plan la place de l'Esprit-Saint dans l'institution des sacrements (position franciscaine). Mais Th. reconnaît une causalité pneumatique spéciale dans les changements possibles de la forme sacramentelle. Une belle thèse dont le résultat conduit à unifier l'institution des sacrements autour du Christ et de son corps. - A. Massie sj

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