Pierre Gisel et Lucia Kaennel, enseignant l'un et l'autre à la
Faculté de théologie de l'Université de Lausanne, étudient La
création du monde dans trois séries de discours. Un premier
chapitre se consacre à la présentation biblique; il dégage avec
bonheur la richesse doctrinale et morale de celle-ci. Il est suivi
par une description des cosmogonies religieuses dans l'espace
méditerranéen et un aperçu d'autres figurations en Asie, Europe,
Amérique et Afrique. Le chapitre suivant regroupe les discours
doctrinaux de la réception chrétienne: Pères de l'Église, saint
Augustin, saint Thomas d'Aquin, Calvin; le rejet de la théologie
naturelle chez Barth et Bultmann. Un chapitre esquisse les données
scientifiques sur l'histoire de l'univers, du big bang à
l'apparition de l'homme, dernier maillon de la chaîne (?). Un
dernier chapitre étudie l'articulation possible entre la foi et la
science, sa mise en perspective historique et divers essais dans ce
sens. Après un excursus sur le créationnisme «anti-évolution» aux
USA, les auteurs concluent: «Dans cette perspective d'ensemble,
l'irréductibilité du cosmos à l'homme nous paraît assumable, tout
comme l'irréductible différence entre savoir du monde et foi
religieuse, ainsi que, du coup, l'irréductible pluralité du
religieux» (p. 126).
Cette étude, fort bien bâtie et d'une grande érudition, est très
intéressante. Elle nous laisse toutefois un doute: dans quelle
mesure subit-elle l'influence du rejet par Kant de la possibilité
de conclure avec certitude à l'existence de Dieu? - L. Renwart,
S.J.