Cette thèse de doctorat veut contribuer à élaborer une action
théologique de la foi autour des profils esthétique, éthique et
extatique de l'expérience. La clef stratégique d'accès à la
dynamique de cette articulation est la notion
idéalistico-romantique du sublime, comme elle se dégage de la
pensée de deux auteurs (qui sont en quelque sorte la source du
travail): F. Schiller et K.W.H. Solger.Il s'agit d'une catégorie
assez prégnante - bien que rarement utilisée en théologie, fût-ce
récemment -, qui a une valence non seulement esthétique, mais aussi
anthropologique (sublime est l'expérience de la liberté confrontée
à un destin adverse), ontologique (sublime est le don de soi
kénotico-ironique de l'infini au fini) et théologique (sublime est
l'espace ouvert, tant pour l'ouverture transcendante de l'homme à
Dieu que pour l'irruption de Dieu).En se greffant sur un filon
assuré de recherche théologique - celui qui examine la conformité
d'expérience esthétique et théologique - et en s'appuyant sur un
protecteur célèbre, H.U. von Balthasar, le parcours de l'étude
débouche sur l'injonction à récupérer aussi théologiquement un
discours esthétique intégral. Il ne s'agit pas seulement de
recourir au thème du beau, mais aussi à celui du sublime, auquel
est par ailleurs reliée l'expérience du tragique. Mais aussi et
surtout il s'agit de concevoir le sublime comme une instance de
raccord et de transition entre l'expérience esthétique, éthique et
extatique. Le sublime se laisserait en effet cueillir comme une
« attestation esthético-éthique du théologique ». Et il
s'offrirait ainsi comme la force singulière d'évidence,
originairement historico-pratique, de la vérité ultimement
théologique. - S. Decloux sj