L'expression Désobéissance civile (titre d'un ouvrage de
H.D. Thoreau paru en 1848) évoque spontanément le
satyâgraha du Mahâtmâ Gandhi. Elle est utilisée par Limore
Yagil, historienne israélienne, pour décrire l'attitude des
Français qui ont contribué au sauvetage de plus de 250 000 Juifs
durant la dernière guerre. Après avoir considéré l'implication des
«corps de métier» (médecins, enseignants, scientifiques, artistes…)
et des fonctionnaires, elle se tourne, en ce 3e et dernier tome,
vers les milieux chrétiens. La hiérarchie catholique,
majoritairement silencieuse, n'est pas restée indifférente. Six
évêques ont riposté publiquement, en août 1942, contre les rafles:
ceux de Toulouse, Montauban, Lyon, Nice, Marseille, Albi. Parmi les
religieux les plus impliqués, l'A. relève les jésuites, les
dominicains, les salésiens, les capucins, les franciscains (parmi
lesquels l'infirmier allemand Alfred Stanke), la congrégation de
Notre-Dame de Sion, les Filles de la charité de Saint Vincent de
Paul que leur réseau à travers la France rend particulièrement
efficaces. Dans les mouvements catholiques, l'A. note les
militantes de la JOC et de la JAC. Elle répartit les pasteurs
protestants en quatre groupes: les pacifiques et les objecteurs de
conscience; les disciples de K. Barth; les pasteurs d'origine
suisse; les aumôniers. Le rôle, important, de l'Église orthodoxe
russe est mal connu. Le pasteur Boegner a manifesté dans des
lettres publiques adressées à Darlan et à Pétain sa «douloureuse
protestation devant la livraison d'étrangers traités comme du
bétail». Les jésuites Chaillet, de Lubac, Fontoynont et Fessard ont
agi «à l'encontre des directives formelles de leurs supérieurs».
L'abbé Journet, suisse, est «déchiré entre son obéissance à son
évêque et sa volonté d'agir face à l'horreur». Le ton de l'ouvrage
est uniformément irénique. Aux errata ajouter Jules Lebreton, sj,
et non pas Jean. - P. Detienne sj