La grave allégresse. Être prêtre aujourd’hui

François Potez
Spiritualité - Recenseur : Baudouin d’Orléans

Officier de marine avant de devenir prêtre, le p. François Potez a acquis une solide expérience dans l’éducation des jeunes à l’Eau Vive où il a travaillé avec le père de Monteynard. Il a ensuite été curé de plusieurs paroisses à Paris. Sa solide réputation d’éducateur pouvant aider les jeunes à l’âge des choix de vie l’a conduit à préparer des jeunes adultes vers le mariage ou vers la vie consacrée. Au fil du temps, de nombreuses personnes lui ont demandé de mettre par écrit ses enseignements auprès des jeunes, des fiancés et des couples. Homme de la parole plus que de l’écrit, l’A. différait depuis des années la rédaction d’un livre. La pressante insistance de prêtres qu’il avait accompagnés l’a cependant décidé à écrire cet ouvrage.

Ce livre est destiné autant aux prêtres – pour les aider à répondre concrètement à leur vocation – qu’aux laïcs désireux de mieux comprendre les prêtres, « ces hommes ordinaires que Dieu a choisis pour porter un trésor extraordinaire ». Rédigé sous la forme de 8 lettres à un jeune prêtre, cet ouvrage livre sous une forme simple et facile à lire, les échanges de l’A. avec les jeunes prêtres qu’il a accompagnés au fil des ans.

Le titre du livre – La grave allégresse – reprend le thème de la première lettre. Celle-ci introduit le lecteur au cœur de la vie de François Potez : la vive et douloureuse conscience de la détresse du monde, inextricablement associée à la joie inébranlable de le savoir sauvé par le sacrifice du Christ.

La deuxième lettre évoque la miséricorde qui doit animer le cœur du prêtre, miséricorde qui exige un cœur patient, disponible et vulnérable. La troisième lettre parle du prêtre comme homme masculin célibataire, de la maturité humaine et affective ainsi que de l’équilibre que cela implique. La quatrième lettre montre que la vocation du prêtre est de se donner à l’Église comme un époux, à l’image du Christ véritable Époux. Cette lettre traite concrètement de la fécondité du prêtre époux, de la chasteté, de la solitude…

Époux, le prêtre est aussi appelé à devenir père. C’est l’objet de la cinquième lettre. Sur un ton très personnel, l’A. livre son expérience de fils qui lui a permis d’apprendre l’engagement radical qu’implique une véritable paternité, forte et tendre à la fois, qui conduit ses enfants vers la liberté. Il distingue à cet égard le père spirituel, consulté pour les rendez-vous réguliers, et « le père tout court » qui prend véritablement en charge l’enfant et que l’on consultera pour les décisions importantes même si on ne le voit que rarement. L’A. relève que celui qui a un tel père n’est plus dans un seul face-à-face avec son père ; il est introduit dans une famille où ceux qui partagent cette fraternité se reconnaissent sans se connaître parce qu’ils ont quelque chose en commun. Cette expérience a souvent été faite par des anciens de l’Eau Vive qui ne se connaissaient pas, mais qui se reconnaissaient pourtant dès la première rencontre. Pour qu’une telle paternité soit ajustée et rayonnante, il convient que le père soit lui-même fils d’un père, et relié étroitement à son supérieur ou à son évêque de sorte que cette famille ne soit pas fermée sur elle-même et « autoréférencée ». Instrument de Dieu, le prêtre doit ainsi fuir le vedettariat qui retiendrait à lui les âmes qu’il doit conduire à Dieu. Un dernier point mérite d’être relevé. En se fondant sur son expérience personnelle de fils puis de prêtre, l’A. montre que la relation du père avec son enfant est appelée à muer en amitié lorsque l’enfant engage sa vie et devient ainsi pleinement adulte.

La sixième lettre est une réflexion concrète sur le prêtre pasteur. Comment rejoindre toutes les personnes indépendamment de leurs sensibilités diverses, pour les conduire au Christ ? Comment parvenir à la communion dans le gouvernement d’une paroisse ? Quelle attitude adopter face à des demandes de sacrements émanant de personnes indifférentes à la foi ? Quelle place pour l’homélie dans la vie du prêtre ? Comment le prêtre peut-il accomplir aujourd’hui l’importante mission d’éducateur ? Comment éveiller les vocations en respectant la liberté des jeunes et sans les orienter selon nos désirs ? Comment un prêtre peut-il grandir dans l’humilité sans chercher à calculer les succès de ses entreprises ?

La septième lettre évoque la prière et l’importance d’être présent au moment présent pour demeurer en Dieu, même et surtout si l’on est plongé dans le feu des responsabilités et de l’action. Le bréviaire, l’oraison, la liturgie, le chapelet, les dévotions, les pèlerinages paroissiaux et les retraites sont abordés de manière concrète à partir de son expérience.

La huitième lettre explique qu’un prêtre ne peut véritablement être père que s’il est fils de Marie et de l’Église. Être véritablement fils de Marie implique que celle-ci ne peut se réduire à une décoration accessoire de la vie de foi. Être véritablement fils de l’Église implique un lien réel avec son évêque. Être fils suppose également intégrer une fratrie et l’A. évoque certaines questions concrètes liées à la fraternité sacerdotale, avec ses difficultés et ses joies.

Ce livre est une œuvre de maturité, fruit d’une expérience de vie, d’une succession de rencontres, de deuils, d’une longue contemplation dans la prière et certainement aussi de l’épreuve de la maladie et de l’expérience de la fragilité. Ceux qui ont côtoyé le p. François Potez au fil du temps seront surpris de voir combien il s’y livre. Conscient qu’il a beaucoup reçu et que la vie est don gratuit, il désire transmettre le don qu’il a reçu, sans chercher à séduire, simplement pour montrer le chemin de la vie qui conduit à la joie et au Ciel.

Il est à souhaiter que La grave allégresse soit le premier livre d’une série. Un livre adressé aux jeunes couples est promis pour début 2023. Certains demandent à l’A. – qui a également une expérience de l’accompagnement des mourants – un livre sur le grand âge. Par ailleurs, depuis trente ans, l’A. annonce qu’un jour, il écrira un livre pour donner des repères aux jeunes. Il en a déjà le titre, mais n’a pas encore pris sa plume… — B. d’Orléans

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