La laïcité est une idée neuve en Europe. Le cas franco-allemand
G. PietriHistoire - Recenseur : Paul Lebeau s.j.
L'Aufklärung, en revanche, version allemande des Lumières, n'a pas revêtu de caractère anti-religieux. Si, comme la Constitution de Weimar, la Loi fondamentale de la République fédérale (1949) entérine le principe de la séparation de l'Église et de l'État, elle leur assigne une place spécifique dans l'espace public - ce qui ouvre le champ à un «partenariat» des Églises et de l'État. L'A. cite à ce propos l'important ouvrage de l'ancien chancelier Helmut Schmidt, Un chrétien face aux choix politiques, selon lequel l'État de droit est inséparable de l'existence d'un domaine qu'il appelle le «non-délibérable», c'est-à-dire qui échappe à la délibération des assemblées parlementaires. «Dans cette sphère, les Églises sont habilitées à prendre position publiquement. Elles en ont l'obligation morale, et leur statut de droit public leur en garantit l'exercice efficace. Les convictions, dont il leur appartient de témoigner, correspondent à des valeurs fondamentales de la société.» Tel est, conclut H. Schmidt, l'esprit de la Loi fondamentale de 1949 (Art. 1er).
C'est là une option juridique que ne sauraient ignorer les pays membres de l'Union, ou candidats à celle-ci, qui tendraient à enfermer les Églises et institutions religieuses dans la sphère privée. Bref, ce livre appelle les États et les Églises à penser leurs rapports à frais nouveau au nom de la liberté religieuse, de la liberté de conscience et, tout simplement, de la liberté politique. - P. Lebeau, S.J.