Pendant le XIXe siècle, on trouve chez les Protestants des
missionnaires et des pasteurs, c'est-à-dire des prophètes et des
prêtres avec des fonctions et formations différentes, plus
pratiques ou plus distancées, plus courtes ou plus approfondies,
plus universitaires ou plus pratiques. Au XXe siècle, la crise des
vocations missionnaires, avec le développement théologique et
ecclésiologique amène à réformer le programme de l'école
missiologique en vue d'une formation plus solide, de type
universitaire, et étendue, mais on n'oublie pas les différentes
orientations, spécialement pour les pays d'outre-mer et, dans la
métropole, pour le monde incroyant ou ouvrier, ou pour passer la
main aux autochtones d'outre-mer. Il en résulte deux discours sur
la religion, l'un plus engagé et enfermé dans une fonction, l'autre
plus distancié, tous deux universitaires et qui entrent en conflit
de légitimité: le travail pastoral se limite-t-il à maintenir
l'Église et le travail missionnaire se spécialise-t-il dans sa
naissance et sa renaissance?Pour Leenhardt, le missionnaire est
mandaté pour un ministère qui déborde la fonction (ainsi saint
Paul, l'incompris des Églises, fait pour ses chrétiens une
théologie), et ce ministère apostolique ne doit pas disparaître,
car son animation est essentielle. Le pasteur, entièrement
solidaire, appartient au peuple pour lequel il besogne, là où le
missionnaire apporte le ferment mais sans se confondre avec la
masse qu'il soulève. Il reste plus libre et itinérant.
Dans la ligne de Calvin, 'rester pasteur tue le missionnaire là où
devenir missionnaire sauve le pasteur'. J.-Fr. Zorn veut intégrer
la missiologie comme une branche d'étude de la dynamique de
l'Évangile; il veut mettre en évidence parallèlement les grandes
orientations d'une réflexion théologique contemporaine. En se
servant des grandes conférences oecuméniques et des trouvailles des
théologiens, il propose des pistes de réflexion qui mettent en
évidence parallèlement les grandes orientations d'une réflexion
théologique contemporaine. - †G. Navez sj