Depuis maintenant pas mal d'années, les travaux sur la spiritualité
vincentienne se sont multipliés. Dans un Historique des études sur
la spiritualité de saint Vincent, le P. L. Mezzadri en fait ici un
rappel succinct. On y notera, parmi d'autres, les études du P.
André Dodin qui, après le Vincent bérullien de Bremond, nous a
restitué un Vincent très largement salésien. Les analyses du P.
G.T. semblent pouvoir approfondir encore les perspectives par la
pénétration et l'originalité de ses intuitions. Pour lui, «Vincent
était un mystique: parmi les différentes voies possibles, il a
choisi la plus escarpée et la plus directe, la voie de l'amour qui
passe à travers l'amour du frère». Fondée presque exclusivement sur
les écrits du saint, la démarche de l'A. veut en saisir la pensée
dans sa forme la plus personnelle. Au coeur de la spiritualité
vincentienne, il y a l'Incarnation. Le principe qui régit toute
l'expérience spirituelle consiste à se laisser introduire dans
l'Esprit du Christ par l'Amour infini. L'accès au Christ n'est pas,
pour Vincent, une conquête: il est don, il est grâce. C'est ce
qu'il appelle se «faire une demeure dans l'Amour». Il s'agit de «se
laisser mouvoir» par l'Amour infini qui unit et conforme
complètement au Christ. Fidèle à des critères rigoureux
d'interprétation, l'A. reconnaît en saint Vincent le plus grand
mystique de l'Amour de Dieu dans le Christ et les pauvres. Vincent
a opéré une véritable révolution copernicienne qui met au centre de
la vie, non pas une idée du Christ, mais la réalité même de
l'Incarnation. L'essentiel est de recevoir, dans l'oraison,
communication avec Notre-Seigneur qui, peu à peu, nous modèle sur
son amour dans l'Église, au service des pauvres. - H. Jacobs, S.J.