La naissance de l'Église au Bushi. L'ère des pionniers 1906-1908

J. Nkunzi Baciyunjuze
Missions et jeunes Églises - Recenseur : Paul Detienne s.j.
L'A., prêtre originaire du sud-Kivu, étudie le début de l'évangélisation à Nyangezi, au Bushi, dans l'actuel archidiocèse de Bukavu. C'était il y a tout juste cent ans, en 1906, date de la convention, très favorable aux missionnaires, signée entre Léopold II et le Saint Siège. Selon le voeu du Roi, tous les missionnaires, et particulièrement les Pères Blancs, ont un statut équivalent aux agents de l'État… ce qui crée un lien étroit entre mission et colonisation, d'où résulte, en apparence au moins, une certaine compromission avec le conquérant, source de méfiance chez les indigènes. La région ne connaît ni maladie du sommeil, ni esclavage. L'influence musulmane y est minime. Lavigerie rédige des instructions judicieuses et péremptoires: «J'exige (ou J'impose ou J'ordonne) que six mois après leur arrivée ils ne parlent plus entre eux que la langue du pays… Je défends qu'on leur apprenne à lire et à écrire en français».
Il invite les missionnaires à rédiger une grammaire, à composer un dictionnaire. Avec l'aide inestimable de catéchistes, les Pères créent l'écriture, introduisent le travail rémunérateur, construisent écoles et orphelinats, développent l'agriculture, l'élevage, la menuiserie, la médecine. Ils soumettent les catéchumènes à quatre ans d'instruction religieuse prébaptismale. Néanmoins, victimes de leur paternalisme, ils n'associent pas l'indigène à sa promotion sociale, ne lui donnent pas la chance de découvrir ce dont il est capable et n'intègrent pas le savoir traditionnel dans l'agenda scolaire. Ils provoquent par ailleurs les indigènes en abattant des arbres dans leur forêt sacrée, en détruisant des huttes qui abritent des fétiches, en intimidant les sorciers qu'ils menacent de la prison.
Ils cherchent, par des petits cadeaux, à convertir les chefs. Et les châtiments corporels? Un missionnaire écrit: «Le Père Supérieur, quand le travail presse, emploie la chicotte». Mais ce n'est que plus tard (1920), dans ses instructions officielles envoyées aux Pères Blancs, que Mgr Roelens prévoira dans les écoles, la mise aux arrêts pendant 48 heures, les menottes pendant un jour; et pour garçons uniquement, la chaîne pendant le travail (jusqu'à six jours) et le fouet (jusqu'à 20 coups). Un texte bien documenté, de lecture agréable, enrichi d'un index et d'une bibliographie, entaché de nombreuses fautes d'orthographe et de grammaire. - P. Detienne sj

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