La naissance de la conscience morale

H.D. Kittsteiner
Philosophie - Recenseur : Debrun
Philosophe de formation et professeur d'histoire moderne à l'Université de Francfort, H.D. Kittsteiner a utilisé sa double compétence pour composer cette thèse de philosophie sur La naissance de la conscience morale. Il avoue avec humour que c'est probablement sa conscience morale qui l'a poussé à entreprendre cette recherche, mais qu'à la fin de son travail il ne croyait plus à cette conscience. Pourquoi? Parce qu'il a découvert qu'elle était apparue comme une nécessité de vie en société et variait selon les lieux, les époques, les cultures. Venant probablement d'un milieu protestant, il estime suffisant d'étudier principalement l'époque moderne - qu'il enseigne - en partant de Luther et surtout du Siècle des Lumières, qui fut un des fruits du protestantisme. Ceci lui permet de passer rapidement sur l'antiquité et le Moyen Âge. Alors qu'on avait posé que «la voix de la conscience est la voix de Dieu», on a en fait contraint les consciences par une loi extérieure avec la crainte de l'enfer, puisqu'il faut que «le champ normatif soit renforcé par des composantes émotionnelles», si l'on veut qu'il dirige effectivement les hommes. Constatant que les images de Dieu se modifient en même temps que les représentations de la conscience, il étudie soigneusement les dénivellations successives entre les normes proposées et le vécu social et il découvre «le miracle de l'éducation» par les familles, la société et la communauté de culte, ce qu'il regroupe sous le terme de culture.
Que répondre à cette critique radicale approuvée par un doctorat en philosophie? Les variations des normes morales dans un bon nombre de domaines sont connues et il est clair que la culture imprègne le vécu moral. Mais aller jusqu'à nier l'existence même de la conscience morale au nom de ces variations, n'est-ce pas confondre le contenant et le contenu en réduisant la conscience à ces normes? Avec pareil procédé on niera allègrement l'existence de Dieu au nom de la variété et de l'évolution des religions, et l'on pourrait nier de même l'existence de l'amour en le ramenant à ses composantes hormonales et culturelles, etc. Il est permis aussi de se demander pourquoi les Éditions du Cerf publient ce type de thèse. Est-ce par souci du dialogue avec les incroyants? - J. Debrun.

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