La Pâque de la culture. Une lecture de La cité de Dieu de saint Augustin

Matthieu Bernard
Théologie - Recenseur : Pierre Molinié s.j.

Il est difficile de dire des choses radicalement nouvelles sur la Cité de Dieu. Et tel n’est pas le propos de Matthieu Bernard, qui donne dans cet essai une lecture personnelle de cet ouvrage majeur. Lecture personnelle, mais qui laisse poindre une entité collective : l’Institut d’études théologiques de Bruxelles et ses enseignants. Ceux-ci sont mobilisés dès l’avant-propos, au titre de la « tradition de lecture et d’étude » dans laquelle s’inscrit l’A., puis au fil de l’écriture où ils apparaissent comme des guides éclairant l’interprétation d’Augustin – on pense tout particulièrement à Pierre Piret, l’auteur le plus cité de toute la bibliographie.

Derrière l’hommage ainsi rendu, ce livre constitue une sorte de longue introduction à la Cité de Dieu. Un premier chapitre fait le point sur la structure de l’ouvrage en soulignant la place centrale des livres I et X : le premier en I, 31 fournit la propositio rhétorique (la nécessité d’une révélation pour que l’être humain découvre la doctrine céleste qui l’amènera sur un chemin de purification, le détachant des biens terrestres et l’amenant à choisir le chemin de l’humilité), le second apporte la thèse à travers sa description du sacrifice du Christ médiateur, qui constitue cette « doctrine céleste » où se résume la foi chrétienne. Les cinq chapitres suivants montrent comment ce fil conducteur affleure dans chacun des vingt-deux livres de la Cité de Dieu.

La contribution de l’A. se remarque plus clairement dans les trois derniers chapitres, qui auraient peut-être gagné à être réorganisés en deux sections. D’une part, en effet, la lecture proposée conduit à mettre en avant la nature du sacrifice véritable (du Christ, de l’Église et de tout croyant), commandée par la forme d’esclave de l’épître aux Philippiens : on trouve là une source d’inspiration pour que l’Église d’aujourd’hui puisse à son tour discerner parmi les réalités sociales et historiques, à la lumière de ce critère qui unit charité et humilité. D’autre part, cet accent conduit l’A. à qualifier la Cité de Dieu de « traité de “discernement spirituel” » ; B. mobilise alors (comme déjà au cours de l’ouvrage) le parallèle entre Augustin et Ignace de Loyola, notamment autour de la méditation des Deux Étendards. Nous ne priverons pas le lecteur du plaisir de découvrir lui-même ces pages, fort suggestives ; contentons-nous de noter que, vu la prégnance de ces rapprochements, il ne serait pas malhonnête de citer le nom d’Ignace dans un titre de chapitre. Ni de faire de ce parallèle l’objet d’un court article… ou peut-être d’une étude plus poussée, confrontant cette fois les intuitions de l’A. à la bibliographie relative aux Exercices. — P. Molinié s.j.

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