Pour son 100^e numéro, la coll. Que penser de… donne la parole à un double docteur (physique et philosophie) qui a développé une belle expertise en matière de robots et d’I.A., au point d’avoir été appelé comme expert à l’ONU en matière de robotique militaire. De quoi s’agit-il ? Le 1^er chap. définit le robot comme pourvu de capteurs, de processeurs et d’actionneurs, qui lui permettent d’accomplir des tâches ennuyeuses ou dangereuses de façon (apparemment) indépendante de l’homme. Quant à l’intelligence artificielle, il s’agit d’un ensemble de techniques qui entendent imiter les mécanismes de la cognition humaine, soit à partir de calculs, soit, dans une optique davantage biologisante, à partir de réseaux de neurones artificiels. Ces inventions suscitent dans le public un puissant engouement, mais elles jettent aussi le trouble : que va devenir l’homme si le robot se retourne contre lui (ou contre autrui), et si l’intelligence artificielle, prévue pour le seconder, le détrône ? Pour nous éclairer là-dessus, l’A. pose les questions de fond : p. ex., pourquoi une société telle que la nôtre a-t-elle développé l’intelligence artificielle ? Pour aider l’homme, bien sûr, par une maîtrise de toutes les données (big data) qui se trouvent à sa disposition, mais les résultats obtenus en matière de sécurité ou d’optimisation n’entretiennent-ils pas la méfiance envers les capacités de l’esprit humain ? Or cette pensée humaine est inégalable car tout n’est pas mathématisable en elle : elle seule d’ailleurs mérite d’être appelée intelligence, comme capacité de lire à l’intérieur d’elle-même. Balayant avec maîtrise les champs de l’épistémologie, de l’éthique, du droit, de l’anthropologie et même du discours ecclésial, l’A. nous invite, non pas à devenir technophobes, mais à nous garder de toute technolâtrie. — X. Dijon s.j.