Jusqu'au 18e siècle, la culture occidentale a situé l'homme dans un
rapport reconnu de dépendance à l'égard de Dieu. Avec l'avènement
des Lumières, l'homme commence au contraire à se considérer comme
la source de toutes les valeurs. Désormais, dès lors, il édifie
librement son destin et choisit librement ce à quoi il croit. Comme
toutes les autres religions de la transcendance, le christianisme
s'est ainsi heurté à une rupture qui met en question le fondement
sur lequel il s'était construit.On le voit: ne reconnaissant aucun
autre fondement qu'elle-même, la liberté met en question toute
religion de la transcendance. La «mort de Dieu» proclamée par
Nietzsche, beaucoup d'adeptes de la modernité la vivent aujourd'hui
silencieusement. (Dans l'interview qu'il a accordée à Peter
Seewald, le pape ne souligne-t-il pas que la question la plus
fondamentale qui nous est aujourd'hui posée est précisément la
question même de Dieu).Pour l'A., l'Incarnation de Dieu en Jésus de
Nazareth offre «le socle d'une proposition religieuse en consonance
avec l'âge anthropologique de la modernité». - S. Decloux sj