Cette analyse sociologique s'appuie sur l'étude de communautés
françaises locales appartenant à trois mouvements bouddhistes fort
différents: le Shinnyo-en et le Sôka Gakkai, originaires du Japon,
et le Dharmâdhatu, d'ascendance tibétaine. Essayant d'en dégager
les traits communs, ou plutôt le «style» global, l'A. invite à
reconnaître dans ces manifestations du bouddhisme en Occident une
réponse à la souffrance produite par l'existence éclatée des
habitants de la grande ville moderne: le message du Bouddha
s'épanouit comme une des «fleurs mystiques» de «Babylone». Les
multiples pratiques de la méditation et du rituel, ainsi que le
rattachement à une communauté et le récit autobiographique
permettent à l'adepte de lutter contre la «chute» douloureuse et
l'émiettement dans un monde trivial. Bien que les apologètes du
bouddhisme le présentent volontiers comme une sagesse convenant à
l'individu d'aujourd'hui, l'A. aboutit à la conclusion que cette
quête d'intégration ou de réintégration, en deçà du «dualisme
schématique entre le corps et l'esprit, le soi et le non-soi, le
passé et le futur», témoigne plutôt du «déclin de l'individualisme
moderne». Dans le sillage de G. Simmel et M. Maffesoli, beaucoup
plus axée sur le qualitatif que sur le quantifiable, cette analyse
sociologique, parfois proche de l'essai quasi philosophique sur
notre société, propose quelques clés d'interprétation éclairantes.
- J. Scheuer, S.J.