On appréciera tout particulièrement dans ce vol. l'avant-propos de B. Laurent et l'introd. de P. Neuner et A. Franz : ces deux amples textes permettent de pénétrer les différents courants de la réflexion théologique des années 1750 à 1880. Tous, ou presque, ont en commun d'intégrer de plus en plus la critique, entendons la raison humaine qui, chez beaucoup de penseurs, va souvent en se détachant de Dieu lui-même, et l'histoire, qui prend peu à peu les chemins de la critique positive. Encore faut-il ne pas oublier que le questionnement de la seule raison a interrogé la foi et a ainsi amené les théologiens à reprendre à nouveaux frais leurs manières de présenter le contenu de la foi.
Il est évidemment toujours possible de poser des questions quand on découvre toute tentative de compréhension d'une histoire, en l'occurrence celle de la théologie. Ainsi, à la p. 28, B. Lauret écrit que le « modernisme proprement dit, comme déviance doctrinale, [qui] se situe plus tard, au début du XX e siècle, (…) n'est pas nécessairement lié aux principes de la modernité ». Il me semble que le modernisme est en réalité dans le prolongement strict de la modernité, en particulier parce qu'il est un fils en ligne directe du libéralisme qui était une expression majeure de cette modernité.
Par ailleurs, je m'interroge à propos du silence sur Renan dans ce vol., qui me paraît être une pièce charnière entre la modernité et le modernisme.
En outre, est-il tout à fait exact de qualifier la théologie romaine qui allait préparer l'oeuvre de Vatican i de « risque d'isolement de l'Église » ? Vatican i avait entre autres objectifs d'exprimer l'ensemble de la foi de l'Église : la tentative était assez novatrice. Le fit-il avec succès ou non ? N'oublions pas que l'oeuvre de ce concile ne fut jamais terminée. Sans tomber dans une naïveté béate, il y aurait peut-être intérêt à mieux étudier les documents préparatoires demeurés dans les cartons et à voir l'exploitation qui en fut faite par la suite, certes de manières parfois assez divergentes (un Léon XIII n'était pas un Pie IX), mais sans pour autant entraîner un isolement de l'Église. - B. Joassart s.j.

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