La visione contraddetta. La dialettica fra visibilità e non-visibilità divina nella Bibbia ebraica

R. Fornara
Écriture Sainte - Recenseur : Jean-Louis Ska s.j.
Le présent ouvrage reprend le texte d'une thèse dirigée par B. Costacurta et défendue à l'Université Grégorienne de Rome en janvier 2004. Au point de départ de la recherche se situe la constatation que certains textes disent clairement qu'il a été possible de voir Dieu (Ex 24,11) alors que d'autres affirment exactement le contraire (Ex 33,20). L'A. veut montrer qu'il y a une dialectique constante entre les deux aspects et que chaque affirmation est corrigée par son contraire. Cette dialectique n'est pas un mode de parler de l'expérience de Dieu, mais la modalité par excellence de présenter ce thème dans toute la Bible hébraïque (cf. p. 479). L'étude est donc thématique. Elle se divise en trois grandes parties. La première (p. 16-142) étudie le vocabulaire de la perception visuelle du divin en trois chapitres: l'affirmation de la perception visuelle (p. 19-78); la négation de la perception visuelle (p. 79-115); les textes ambigus qui oscillent entre les deux pôles (p. 117-142). La seconde partie (p. 143-298) analyse le phénomène de la vision de Dieu dans son aspect dynamique: sujet et objet de la perception (ch. 4; p. 147-195); la perception en acte (ch. 5; p. 197-251); stratégies narratives et symboliques (ch. 6; p. 253-298). La troisième partie (p. 299-471) étudie une série de textes du Pentateuque qui illustrent le thème choisi: les nuits d'Abraham et de Jacob (Gn 15,1-21; 28,10-22; 32,22-33) (ch. 7; p. 305-347); «le feu qui ne consume pas» (Ex 3,1-6) (ch. 8; p. 349-369); le visage invisible (Ex 19-24; 33-34; Dt 4,1 - 6,3; 9,7 - 10,11) (ch. 9; p. 371-445); s'éduquer à «voir» (Nb 22,22-35) (ch. 10; p. 447-471). La conclusion propose une synthèse des résultats et une brève lecture de Jb 42,1-6 (p. 473-485).
Le volume est muni d'une liste des abréviations, d'une abondante bibliographie (p. 499-575) et de divers index (auteurs, citations bibliques, tableaux). Les deux premières parties sont assez techniques et contiennent nombre d'enquêtes lexicographiques et de tableaux récapitulatifs. Les analyses de textes, très précises, sont également émaillées de diagrammes et tableaux car l'étude est surtout philologique et sémantique. Un des présupposés de l'étude est en effet que la Bible hébraïque forme un tout homogène et qu'il est donc possible de l'étudier de manière purement synchronique. L'A. connaît les études historico-critiques et les cite à l'envi, mais il attache rarement une réelle importance aux problèmes de composition ou au contexte historique des passages étudiés. Le commentaire des textes fait par ailleurs heureusement appel à la tradition patristique, à l'exégèse juive et à la tradition mystique. Certains choix de textes et certaines orientations, comme la prédilection pour la «nuit obscure» et le feu, seront plus compréhensibles si l'on sait que l'A. est Carme déchaux. Il est aussi normal que certaines options puissent être discutées. Par exemple, les analyses de textes sont parfois rapides et peut-être trop exclusivement centrée sur le thème de la vision. Gn 32,23-33, par exemple, est avant tout un «passage», ce que l'A. reconnaît sans toutefois l'exploiter suffisamment (v. 23 et 32). La «vision» (v. 31) est une des facettes de ce passage qui transforme Jacob en Israël. La vision d'Ex 3,1-6 prend un autre tour si on remarque que le verbe «voir» revient au v. 7: Moïse s'est voilé la face et YHWH lui «fait voir» la misère de son peuple, lui «fait entendre» ses cris et lui «fait comprendre» quelles sont ses souffrances. Un détail pour terminer: l'A. considère Nb 22,22-35 comme un «conte» (fiaba), mais les personnages des «contes» sont en général anonymes ou portent des noms symboliques, ce qui n'est pas le cas de Balaam. Il ne s'agit cependant que de détails secondaires. - J.-L. Ska sj

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