Voici un nouvel opus de la collection « mon ABC de la Bible » qui vise à présenter de manière concise, claire et savoureuse un livre biblique – ou, éventuellement un personnage. C’est le frère David-Marc d’Hamonville, bénédictin d’En-Calcat qui ouvre ici pour nous le Cantique des cantiques en commençant par oser signifier sa troublante singularité dans le corpus biblique : « un livre qui parlerait de ce qui toujours a fait bouger les hommes et les femmes : le désir, l’amour, le plaisir !? (…) Inutile de dire que cet intrus biblique a laissé pantois certains lecteurs » (p. 7). Pourtant, c’est sa saveur à nulle autre pareille que l’A. s’attache à nous faire découvrir.

Après quelques considérations sur la composition du livre, marquée par de nombreuses inconnues, c’est surtout à son commentaire que le bénédictin s’essaye, postulant qu’il faut aller à rebours de notre tendance à vouloir tout comprendre et maîtriser car le « Cantique nous initie au mouvement de l’amour qui est inverse : être soi-même emporté dans l’inconnu, se laisser saisir, déprendre et ravir, déposséder de sa maîtrise » (p. 25). C’est en six thèmes successifs qu’il décline ce tourbillon amoureux sur la recherche d’un Nom, le monde du Cantique, le corps et les sens, le désir à fleur de peau, le passage de l’amour à l’Amour et enfin sur une autre fécondité.

Loin de renâcler devant les pages énigmatiques ou les plus sulfureuses, l’A. s’y engage résolument, rappelant que ce sont souvent des célibataires consacrés qui ont été au fil des âges les plus grands commentateurs du Cantique : ne serait-ce pas parce qu’il nous parle d’une manière toute spécifique de ce qu’est l’amour véritable ? « C’est en priant que l’on devient croyant, c’est en chantant le Cantique que l’on découvre l’amour du Seigneur. (…) Il nous parle ainsi, et nous pouvons et devons lui parler ainsi, quoi qu’il en soit de notre réserve naturelle, de notre timidité, passant par là même, sans trop en prendre conscience, de la crainte à l’amour » (p. 110) : une belle invitation ! — I.P.d.L.G.