Le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris (1940-1949). Temps de guerre, temps de paix, passion pour la mission

Jean-Pierre Guérend
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
Cet ouvrage - même s'il y a bien quelques rappels principaux de la vie du cardinal Suhard (1874-1949) - se concentre surtout sur la période parisienne de celui qui fut auparavant professeur de grand séminaire (1892-1928), évêque de Bayeux-Lisieux (1928), archevêque de Reims (1930), enfin archevêque de Paris (1940), ayant été créé cardinal en 1935. Deux grandes thématiques sont particulièrement étudiées. D'une part, dans la troisième partie, la pastorale mise en oeuvre par cet homme angoissé par ce que l'on appelle habituellement la «déchristianisation»; il tenta, si l'on peut dire, de la contrer tant par les élans qu'il voulut insuffler par ses lettres pastorales, Essor et ou déclin de l'Église (1947), Le sens de Dieu (1948) et Le prêtre dans la cité (1949), que par son franc soutien à la Mission de Paris et la Mission de France. Voilà de quoi rendre témoignage à la fine compréhension qu'il avait du monde et de son audace peu commune, qui étaient en quelque sorte des préludes à Vatican II.De l'autre, dans les deux premières parties consacrées à l'attitude du cardinal Suhard durant la Seconde Guerre mondiale, l'A. aborde la question de celle de l'ensemble de l'épiscopat français, sujet particulièrement complexe et délicat. Il est bien clair que Suhard n'éprouvait aucune sympathie à l'égard du nazisme et qu'il se préoccupa sérieusement du sort des Juifs, tout autant que de tout ce qui toucha à la résistance et au STO. Ce fut peut-être plus ambigu en ce qui concerne le régime de Vichy, ce qui lui valut d'être écarté, le 15 mai 1944, de la célébration organisée à Notre-Dame de Paris lors de la libération de Paris. J'espère ne pas trahir la pensée de l'A. en disant qu'il adopte finalement la thèse avancée par Jean-Louis Clément dans son ouvrage Les évêques au temps de Vichy: Loyalisme sans inféodation. Les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944 (Paris 1999). «Loyalisme sans inféodation»: ce n'est sans doute pas faux. Mais n'eût-il pas été utile de prendre également en compte un autre ouvrage dédié au même sujet, Les évêques français de Verdun à Vatican II. Une génération en mal d'héroïsme, de Frédéric Le Moigne (Rennes 2005)? - B. Joassart sj

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