Le choc des cosmologies. 2500 ans d'histoire. Perspectives théologiques

Pascal Genin
Théologie - Recenseur : Jean-François Stoffel
Le titre de cet essai engagé ne dévoile aucunement son véritable contenu. Au terme d'un long parcours historique permettant de mettre en évidence 1) que l'affirmation de l'infinité de l'espace finit toujours par s'accompagner de celle de son éternité, avec pour conséquence l'assignation d'attributs divins au monde naturel ; 2) que la thèse de l'éternité du monde est traditionnellement corrélée à l'athéisme alors que celle de son commencement temporel est unanimement ressentie comme favorable à la vision biblique de la création (ainsi qu'en témoignent d'ailleurs les fortes résistances aussi bien scientifiques, politiques que philosophiques suscitées par le Big Bang) ; 3) qu'il existe un assez large consensus pour interpréter la création ex nihilo comme une création s'inscrivant dans le temps ; et 4) que les modèles cosmologiques contemporains nous font passer, avec le modèle standard issu du Big Bang, d'un univers éternel à un univers marqué par la temporalité, il s'agit, dans cet essai, de redonner ses lettres de noblesse à la théologie naturelle et, plus particulièrement, à l'argument cosmologique. Malheureusement, malgré la prudence du propos, la richesse indiscutable de la documentation factuelle et textuelle rassemblée ne semble pas s'accompagner d'une égale profondeur conceptuelle : théologiquement, la nature de la relation qui unit le Créateur à sa création n'est pas questionnée ; philosophiquement, la nécessité intrinsèque d'une médiation entre discours scientifiques et discours religieux n'est pas suffisamment ressentie ; épistémologiquement, le caractère forcément hypothétique et temporaire des théories scientifiques n'est pas assez pris en compte ; stratégiquement, les leçons de l'affaire Galilée (à savoir les dangers de compromettre un message intemporel en l'associant de trop près à une vision scientifique nécessairement provisoire) ne sont pas assez retenues. À titre strictement personnel, notre positionnement face à cette délicate question serait donc différent de celui qu'assume l'auteur. Au lieu de privilégier une création ex nihilo s'inscrivant dans le temps et dans l'espace, nous soutiendrions, dans un premier temps, une création ex nihilo de toute éternité, ce qui, d'une part, réduirait à néant l'utilité de toutes les recherches idéologiques menées par certains cosmologistes pour fuir le commencement du monde en croyant ainsi échapper à la question métaphysique de ses origines et, d'autre part, apporterait à la théologie chrétienne de la création la sérénité de sa parfaite compatibilité aussi bien avec les modèles cosmologiques affirmant (sous une forme ou une autre) l'éternité du monde qu'avec ceux qui soutiennent son commencement singulier. Dans un second temps, nous ferions remarquer que, pour nos intelligences humaines tributaires d'une imagination qui associe spontanément les concepts de création et de commencement, la cosmologie contemporaine présente l'avantage, du moins pour le moment, de nous conduire plus naturellement (mais non pas avec davantage de nécessité !) à nous poser la question philosophique et théologique de l'origine du monde naturel. - J.-F. Stoffel

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