Les deux colloques de Paris et Florence (2018) consacrés au concile du xv^e s. ont été organisés par le Collège des Bernardins et l’Institut d’études œcuméniques de l’Université de Fribourg (Suisse). La vingtaine de contributions érudites a permis de faire le point sur la documentation et la connaissance de ce concile d’union et sa réception relative, mais aussi sur les possibilités de progrès œcuméniques aujourd’hui. Toutefois, rien n’est simple en ce domaine. Comme les récits varient d’une confession à l’autre, il faut chercher une approche acceptable par les différentes parties, grecque et latine. De plus, la documentation est lacunaire. Il faut donc revisiter ensemble cette histoire vieille de près de six siècles et revoir l’historiographie pour aider à la guérison des mémoires blessées. Classiquement, les catholiques parlent d’un vrai concile œcuménique avec un accord d’union valable, tandis que les orthodoxes estiment que les Latins ont fait pression sur les Grecs, profitant de la faiblesse de l’Empire byzantin de cette époque. Quoi qu’il en soit, la bulle d’union Laetentur Caeli a été signée par les uns et les autres le 6 juillet 1439.

On se pose encore la question aujourd’hui : Florence a-t-il été un rendez-vous manqué ou un temps de grâce au terme d’un dialogue fragile entre Orthodoxes et Latins ? Mieux vaut adopter un jugement nuancé et considérer les ressources que ce concile offre aux chercheurs et responsables d’Églises aujourd’hui. La situation est nouvelle, car les ecclésiologies en cause sont maintenant mieux connues et l’œcuménisme contemporain a une réelle expérience des chemins praticables et des méthodes qui ont fait leurs preuves. Il s’agit de viser l’« unité » des chrétiens avec souplesse et non l’« union » qui rappelle trop l’absorption de l’un par l’autre. L’Institut pontifical oriental a rendu un grand service aux chercheurs en publiant la totalité des documents disponibles Concilium Florentinum Documenta et Scriptores, 13 volumes, Rome, 1940-1976. — A.H.