Fort dévote, Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, souhaita fonder
à Versailles un établissement destiné à l'éducation des filles
«tant pauvres que riches», qu'elle confia aux chanoinesses de
Saint-Augustin de Compiègne. Durant 20 ans, de 1772, année de la
fondation (la reine était morte en 1768, mais ses filles
poursuivirent son projet) à 1792, ces religieuses s'adonnèrent à
l'enseignement, jusqu'à ce que la Révolution les expulse. Avec
beaucoup de finesse, l'A., vivement intéressée par les archives de
sa Congrégation, nous permet de connaître la vie du couvent de la
Reine dans tous ses aspects: composition de la communauté, rapports
avec les autorités ecclésiastiques, méthode d'enseignement,
recrutement des élèves, administration financière, etc.). Et un
ensemble d'illustrations introduit également à la beauté des
lieux.
La vie de l'établissement ne s'arrêtera pas définitivement avec la
Révolution. En 1806, Napoléon en fera l'un des premiers et des plus
beaux lycées de France, toujours en activité, le lycée Hoche. Quant
aux chanoinesses, la paix religieuse revenue, elles reprendront
leur oeuvre à Grandchamp jusqu'en 1904; elles furent alors à
nouveau chassées et se réfugièrent en Angleterre; l'évêché acquit
leur implantation et en fit un petit séminaire, devenu lycée
catholique en 1969. Revenues au pays en 1936, les chanoinesses
fonderont alors une autre école, à Meudon, l'actuel collège
Notre-Dame. - B.J.