Le CTH 3, 7, 2 et les mariages mixtes

Laszlo Odrobina
Morale et droit - Recenseur : Benoît Malvaux
La problématique des mariages mixtes, qui connaît dans la société contemporaine multiculturelle un regain d'actualité, n'était bien sûr pas absente de l'Antiquité chrétienne.
Dans une étude fouillée, l'A. examine la législation qui leur était applicable à l'époque, sous un triple point de vue: la législation impériale (plus particulièrement le code théodosien); les Pères de l'Église et les conciles de l'Église antique; les commentaires rabbiniques.
Dans l'empire romain classique, la notion de mariage mixte ne concernait que les cas où un citoyen romain ne pouvait pas se marier à cause de la disparité de citoyenneté ou de classes sociales. La disparité de religion n'intervenait pas ici. Dans l'empire devenu chrétien, le Code théodosien innove donc lorsqu'il prohibe, en 388, le mariage entre un(e) juif(ve) et un(e) chrétien(ne), et prévoit d'appliquer aux contrevenants la peine prévue en cas d'adultère. L'A. détaille soigneusement les conséquences d'une telle loi et présente les diverses hypothèses quant à sa motivation (souci de protéger la foi chrétienne, intention d'isoler les juifs, etc.).
Au début du christianisme, l'Église, très minoritaire, ne se préoccupe pas des mariages mixtes, comme en atteste l'absence de mention directe de ces mariages dans le NT. C'est à partir du IIIe s. que la question commence à être traitée. L'A. étudie de manière détaillée la position des Pères sur le sujet. Ainsi, Tertullien, sans poser explicitement le problème de la validité des mariages mixtes, met en doute leur valeur morale. Pour Cyprien, ces mariages sont des péchés commis contre la loi de Dieu, qui manifestent (déjà!) la décadence du christianisme. Plusieurs conciles interviennent également sur le sujet, comme le Concile d'Elvire, qui interdit de donner une vierge chrétienne en mariage à un païen, à un hérétique ou à un juif, et punit d'excommunication les parents qui contreviendraient à ce canon. Le Concile d'Arles, en 314, prévoit l'excommunication pour les filles chrétiennes qui se marient avec des païens.
Quant au judaïsme de la même époque, il s'appuie sur le prescrit de Dt 7,3, pour interdire aux juifs les mariages mixtes.
Cet ouvrage pointu, appuyé sur un très riche apparat critique, intéressera les spécialistes de la question. On regrettera cependant la qualité souvent déficiente de l'expression française, ainsi que l'absence de synthèse, qui n'aide pas à se faire une vue d'ensemble de la question. -B. Malvaux sj

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