Par le biais de cinq approches, une étude serrée de la quête contemplative. Les deux premières approches, à partir du Commentaire du Cantique des Cantiques (par saint Bernard et deux cisterciens du XIIe siècle), indiquent comment la mystérieuse présence de Dieu offerte à tous met en route les plus humbles, plus ouverts au don merveilleux des visites furtives et des absences du Seigneur. La première rencontre représente Dieu comme le Tout Autre: elle a sa valeur et son insuffisance, car si Dieu nous transcende de toutes parts, il nous est intérieur comme source et jaillissement de l'être. Ce chemin s'intériorise: on passe au stade de l'amour de Dieu lui-même au plus intime de soi, du Donateur au-delà de ses dons en bannissant toute forme de recherche de soi. Admirable étude de la pédagogie de l'époux du Cantique, qui attire, séduit, puis disparaît aussitôt. Ainsi, il survolte le désir, souligne sa transcendance, la gratuité et la profondeur de son efficacité en nous. Puis, les absences apparentes douloureuses deviennent apparence d'absence: ces alternances d'approche et de fuite deviennent continuité fidèle dans le détachement du sensible et de l'instant, tout s'intériorise. Ainsi, la vie contemplative peut émerger normalement à une vie mystique (du moins au sens original et ordinaire du terme): expérience d'une vie divine, même relativement inconsciente sans la réduire aux effets extérieurs et extraordinaires réservés à une rare élite.
Les trois dernières approches de la contemplation proviennent d'une réflexion sur la vie nouvelle où Dieu nous invite et nous mène à notre accomplissement, sur notre rôle nécessaire malgré l'assertion: «Sans moi, vous ne pouvez rien faire!» Bien sûr, les hommes depuis longtemps avaient compris que dans la quête de Dieu, ramer ne suffisait pas, et qu'il fallait se déprendre de ses limites étroites, pour laisser Dieu lui-même se révéler: c'est le daimôn de Socrate, p. ex., ou «il faudrait ici une embarcation pour nous faire passer à l'autre rive», de Platon. L'Évangile, Parole attendue, ne s'éclaire qu'à la lumière du Ressuscité, resplendissant de la Gloire du Père, exaltant le Serviteur souffrant que l'Esprit rayonne au coeur des croyants. Dans le N.T., il y a renversement radical, non plus montée, désir de Dieu, mais amour gratuit, descendant, offert à tous, préalable au travail sur soi qui suit. Ce qui est premier, c'est l'invitation de Dieu qui nous révèle comme au Prodigue des plages inouïes et inattendues d'amour, ou à Zachée un accueil inespéré, ou à la Samaritaine une eau vive qui lui fait oublier sa cruche près du puits. Ce qui vient de nous est second, réponse et accueil. Dieu prend tout de moi et me donne tout ce qu'Il est. Entre le sien et le mien, il n'y a plus de séparation. La durée de cette présence est plus consistante que nos efforts. Cette fête de la Présence contagieuse est détachement joyeux aimanté par un don infiniment plus précieux. - G. Navez, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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