Suite au septuple assassinat de 1996, la présence cistercienne à
Tibhirine (Algérie), lieu de prière chrétienne dans un monde
musulman, a été assurée pendant cinq ans par une petite communauté
peu homogène (six moines de cinq nationalités différentes), qui n'a
pu survivre au delà de 2001. Depuis ce jour, en attendant une assez
problématique réouverture du monastère, un prêtre de la Mission de
France, ingénieur agronome, assure seul le relais. Non pas par goût
personnel des autres cultures, avoue-t-il, mais envoyé par
l'Église. Après avoir esquissé l'histoire du monastère jusqu'en ses
derniers développements tragiques, l'A. nous fait part de ses
années de présence, dans l'esprit islamo-chrétien de rencontre et
d'amitié initié par les moines. Des êtres non pas exceptionnels,
nous dit-il, mais excessivement bons. Il a rencontré les deux
survivants. Ne pouvant résider à Tibhirine, il s'y rend plusieurs
fois par semaine, sous escorte policière, sur les terres du
monastère entretenues par deux ouvriers musulmans, auxquels il
dédie son ouvrage. Un dialogue de vie se développe grâce au travail
de tous les jours et à la vente des récoltes. L'A. conclut: sa
présence n'a de sens que pour «vivre avec les Algériens»; elle n'a
pas d'objectif ni d'obligation de résultat. En appendice: le
Testament du prieur Christian de Chergé. - P. Detienne sj