L’A., philosophe, historien des sciences et psychanalyste, nous offre un Essai hâtif sur la fin des temps, sous le patronage d’une épigraphe signée de Freud en introduction à l’un de ses ouvrages : « Ce qui suit est spéculation, une spéculation remontant souvent bien loin et que tout un chacun prendra en compte ou négligera selon sa position particulière. C’est aussi une tentative pour exploiter de façon conséquente une idée avec la curiosité de voir où cela mènera. » Ensuite est posée l’hypothèse selon laquelle la fin de l’humanité arrivera dans un avenir historique, dans un petit nombre de siècles, en raison de la pollution et du réchauffement climatique et de leurs conséquences. Il n’y a plus rien à faire, si bien que l’angoisse culpabilisante caractéristique de la civilisation moderne n’a plus de prise. Mais alors que feront les individus face à cette fin inéluctable ? Pour l’A., la férocité de l’homme se déchaînera en tant qu’unique source de jouissance disponible : « À mesure que la fin se rapprochera la dernière jouissance qui restera aux derniers hommes sera celle du Mal » (p. 69). Le Mal qui vient est celui de la période qui précédera la fin des temps, comme dans un jardin des délices où tout devient permis. La fin se produira donc dans un accomplissement du mal le plus absolu. Mais, en finale de son ouvrage, l’A. s’interroge sur le genre de « bien » susceptible de s’opposer au Mal qui vient, en évoquant comme seule possibilité « un recours froid, ferme, et réfléchi, à la violence » (p. 127). Ce livre, en se situant avec grande vigueur dans l’air du temps d’un catastrophisme radical, a suscité un grand écho dans notre monde qui veut vivre sans Dieu, là où le mal prend une majuscule. Mais peut-être pouvons-nous le recevoir, à la lumière de l’épigraphe de Freud, comme un avertissement bienfaisant ? — V. Fabre