Le pain qui nous fait vivre, tr. M. Guisse

Chr. Schönborn
Théologie - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.
Ce livre a été réalisé à partir des conférences que l'Archevêque de Vienne a tenues dans sa cathédrale durant l'année consacrée à l'Eucharistie. On y retrouve les dons personnels de l'auteur qui nous offre une catéchèse sur le mystère eucharistique sans esquiver les questions délicates posées à la doctrine chrétienne. Soulignons d'emblée l'importance de la première partie (I à IV) qui fonde la «messe» sur le repas rituel juif de la Pâque: l'ancienne alliance et la manière dont Jésus a célébré la Cène «avant et pour» se donner jusqu'au bout sont les racines de la mémoire chrétienne et des divers rites qui se sont développés depuis deux millénaires. Ses paroles et ses gestes ont une portée qui traverse le temps et les cultures: elles sont «tradition». Des recherches et des évidences théologiques sur le rapport judaïsme-christianisme sont ainsi mises à la portée de tous pour une meilleure compréhension du mystère de la rédemption.
La deuxième partie (V à VII) nous enseigne sur la notion de «sacrifice». Cette terminologie, désuète ou en contradiction avec certaines sensibilités modernes, appartient à l'essence du «mystère pascal». Le sacrifice est ce qui établit «l'homme en communion avec Dieu». Et le sacrifice eucharistique est mémorial du «sacrifice du Christ», de l'acte et du don singulier qu'il a fait de lui-même pour la multitude. Citant et commentant tour à tour l'Écriture, Augustin, Thomas d'Aquin, les textes liturgiques actuels, le Cardinal fait entrer le lecteur dans une compréhension simple de questions complexes. Cette «manière de faire» lui permet de rendre compte avec bonheur des «insistances orientales et occidentales» sur l'acte consécratoire (VI) et sur la présence du Christ dans l'Eucharistie (VII).
Une dernière partie (VIII et IX) affronte le thème de la communion. Comment s'y préparer sinon par le développement de la liturgie elle-même et au creuset de la vérité du geste de paix? Quels fruits spirituels en recevoir sinon celui d'être immergé en Lui en Le laissant entrer en nous? Pourquoi certains ne peuvent pas «partager la table eucharistique»? La grâce nécessaire du baptême et, le plus souvent, les «nouvelles larmes» de la réconciliation sacramentelle sont des étapes, mais elles s'inscrivent dans l'histoire sainte de la communauté, dans le souci fraternel de chacun, dans la parole du «bon berger» qui accueille les divorcés remariés et parle en toute franchise. Questions importantes et douloureuses, abordées avec courage et lucidité, et ouvertes à l'espérance d'une solution vraie.
Le dernier chapitre (X) aborde les questions oecuméniques et montre avec clarté les éléments à discerner dans le dialogue fraternel: si l'objectif reste bien l'intercommunion, celle-ci doit rester le fruit de l'unité de la foi et non pas l'instrument pour l'obtenir. Dans ce domaine, amour et vérité se rencontrent également pour que la démarche oecuménique ne prenne pas le pas sur l'accueil du Christ tel qu'il se donne en son corps et son sang. L'économie sacramentelle est un des biens les plus précieux des chrétiens: elle n'est pas un absolu.
Il n'est pas trop tard pour lire ce livre, même après l'année sur l'eucharistie (2004-2005), après un synode et une exhortation apostolique sur ce thème, car le style et les questions posées restent celles de toujours et de tout chrétien qui désire entrer avec plus de coeur dans le «mystère» sans se laisser décontenancer par les débats théologiques mais en étant éclairés par ceux-ci. - A. Mattheeuws sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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