Le scandale du mal et de la souffrance chez Maurice Zundel
Fr. RouillerThéologie - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
La souffrance et la mal ont toujours fait problème en suscitant scandale et révolte. Zundel s'est attaqué à cette question capitale et a cherché toute sa vie une réponse solide et satisfaisante dans l'Écriture. C'est ainsi qu'il a peu à peu bâti une synthèse remarquable en repensant les questions centrales de la théologie: Dieu, l'homme, la création, le péché, la rédemption. Bien avant le Père Varillon, il a osé parler de la souffrance de Dieu. Fr. Rouiller a condensé dans ce livre l'essentiel de la pensée de Zundel sur ce problème capital à partir d'une trentaine d'ouvrages édités et de quelques conférences inédites.
En simplifiant presque à l'excès, on pourrait dire ceci: le scandale et la révolte devant le mal montrent que celui-ci blesse en nous une valeur infinie fondée en Dieu. Dieu est Trinité d'amour, de don, de pauvreté, de générosité, et non pas le despote tout-puissant que l'on a trop facilement imaginé d'après quelques textes de l'A.T. Dieu nous crée libres pour aimer et nous confie sa création. Le péché, source de beaucoup de maux, vient de l'homme libre, qui refuse de devenir amour et don comme Dieu pour mener la création à sa perfection. Devant le mal, le péché, Dieu est dès lors désarmé, comme impuissant. L'A.T. avait commencé à révéler Dieu comme amour maternel; sur la croix, le Christ donne la réponse divine au mal en se manifestant comme victime du péché. À nous d'avoir compassion de lui et de le sauver ici-bas en poursuivant son oeuvre d'amour. Malgré cette vue globalisante, beaucoup de questions restent en suspens, mais cette doctrine centrale nous aidera à leur donner peu à peu de vraies réponses chrétiennes.
On réalise la densité et la nouveauté de cette pensée qui commence à se répandre aujourd'hui en donnant de Dieu une idée bien différente de celle que nous avons apprise au catéchisme et dans les manuels de théologie. Nous ne saurions trop recommander cet ouvrage. - B. Clarot, S.J.