Le sens de la liturgie. Rational des divins offices. Livre IV de la messe, prés. Cl. Barthe, préf. et tr. D. Millet-Gérard
Guillaume DurandLiturgie et pastorale - Recenseur : G. Navez s.j.
Le rational des divins offices nous donne sur la messe une explication très minutieuse, citant largement l'Écriture, les Pères de l'Église, les décrets Pontificaux. On ne s'y arrête pas au sens littéral des rubriques, des gestes, des prières, des déplacements des prêtres, du texte de la messe, mais on essaie de rejoindre le sens spirituel, la profondeur, selon un symbolisme qui ramène tout au Christ à travers le ministre qui en est le lieu-tenant et les fidèles qui participent à un sacrifice qui les dépasse et les anime. On cherche, comme dans les commentaires de l'Écriture, à mettre en lumière le sens spirituel, symbolique et mystique de la Parole inspirée, pour être introduits dans un mystère divin, au-delà d'une expression toujours inadéquatement comprise et que l'Esprit nous révèle vitalement dans notre disponibilité et notre engagement. Ainsi, p. ex., Jonas dans le ventre de la baleine, représente l'humanité du Christ Homme-Dieu, qui nous sauve du péché au tombeau; l'encensoir figure la charité brûlante qui nous purifie et nous envahit. Le commentaire spirituel de la liturgie, malgré le fouillis des détails et des allégories, qui risquent de nous noyer, comporte cependant des notations spécialement riches et suggestives, comme ce mouvement du peuple à la suite du Christ et qui culmine dans la prière In ipsum… omnis honor et gloria. Aujourd'hui, le rational des divins offices est totalement tombé en désuétude, sauf pour quelques spécialistes: la conception traditionnelle de la liturgie, qui est celle des Pères de l'Église et des médiévistes, a été écartée par un commentaire purement historique dont on mesure la pauvreté spirituelle; d'autant plus qu'en exégèse de la Bible, la méthode historico-critique a découvert sa pénurie et qu'on remet à l'honneur le commentaire spirituel, trop négligé actuellement en liturgie.
La surabondance des arbres n'a-t-elle pas fait oublier la richesse essentielle de la forêt, et l'excès d'allégorie n'a-t-il pas obscurci et parfois disqualifié le commentaire en le réduisant, au lieu de mieux le fonder et de l'approfondir? - †G. Navez, S.J.