Le temps de croire (Jean 11,1-46)

Guy Lafon
Écriture Sainte - Recenseur : Yves Simoens s.j.
Ce merveilleux petit livre, d'une prose limpide autant que nuancée où perce le style du professeur de théologie fondamentale à l'Institut Catholique de Paris, orchestre les multiples harmoniques du récit sur Lazare dans le quatrième évangile. Je ne me souviens pas d'avoir jamais rien lu d'aussi pénétrant sur ce sujet. Sa lecture ne saurait être assez recommandée à quiconque cherche à approfondir le quatrième évangile. L'Avant-propos précise les axes d'une réflexion, articulée au texte avec grand soin, sur la venue de la mort, le relèvement et le croire. «Relèvement» est préféré à la plus usuelle «résurrection» parce qu'il «rend sensible le mouvement même par lequel on se dresse» (p. 78), selon une des notes, à la fin de l'ouvrage, sur la traduction proposée. «Croire tient à venir, comme la branche au tronc, parce qu'on ne croit jamais qu'en la venue, comme l'arbre à la sève dont il naît et dont il s'augmente» (p. 4). La première partie est assurée par un «Déchiffrage» (p. 7-32) de ce fragment de saint Jean: s'y trouve exploité le meilleur d'une approche attentive au rôle joué par le narrateur et le lecteur.
La deuxième partie: «Variations», suit plusieurs thèmes déjà dégagés: «La vie, la mort, la gloire» (p. 35-37); «Un temps pour croire» (p. 39-43), belle méditation sur «le temps qu'il fait et le temps qui passe», l'immortalité et l'éternité, à l'ombre de la mort, «passage obligé vers une vie qui ne s'affirmera en gloire, chez le croyant, dans sa singularité irréductible, que d'avoir connu l'anéantissement total de l'être ou, si l'on ose dire, sa décréation» (p. 42); «Croire, ou la gloire dans le temps» (p. 45-47): «La mort doit apparaître comme un fait bien réel, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent pour le défunt et pour ceux qui en portent le deuil. Jésus lui-même est touché par cette mort, il en souffre jusqu'aux larmes» (p. 45); «Venir, croire et prier» (p. 49-52); «Le Père et la mort» (p. 53-56); «Que croire? Qui croire?» (p. 57-60); «Où est le miracle?» (p. 61-64): «Il n'est pas possible à un vivant, une fois mort, de revivre à nouveau. Or, ici, il ne s'agit de rien qui se réduirait à cela» (p. 61); «Un signe donne bien du réel, mais non du physique» (p. 64); «Une communauté blessée» (p. 65-67); «De l'amitié à l'amour» (p. 69-72): à traduire philein par «avoir de l'amitié» (v. 3 et 36), et agapân par «avoir de l'amour» (v. 35) ne risque-t-on pas pourtant de brouiller les pistes dans un sens réducteur pour l'amitié? Mais nous sommes bien d'accord par ailleurs: «Le miracle accompli par l'amour provient lui-même d'une prière, d'un amour qui prie» (p. 71-72). «L'amour existe, ou il n'existe pas. Il ne se mesure pas. Il échappe à toute évaluation. Mais, s'il existe, il porte un fruit qui ne passe pas. Là est le miracle, tellement déconcertant que nul ne peut l'accueillir qu'en y croyant» (p. 72). «En guise de conclusion» relie tous les fils de cette lecture exemplaire de l'Écriture, au service de l'acte de croire. - Y. Simoens sj

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