Léopold Sédar Senghor

R.J. de Benoist
Biographies - Recenseur : Leclair
L.S. Senghor (1906-2001) se voulait d'abord poète, puis penseur et enfin politique, mais, conformément à cette collection, sa biographie part de l'homme politique, passe au penseur et donne quelques bribes de sa poésie. En lisant cette vie touffue, on se prend d'admiration pour cet homme polyvalent et d'une richesse humaine hors du commun. Né dans un petit village chrétien du Sénégal, il est élevé chrétiennement en Afrique, songe à la prêtrise, découvre Marx à Paris pendant ses études supérieures, faillit perdre la foi et la retrouva grâce à Teilhard qui lui montra comment dépasser les limites matérialistes du marxisme. Toute sa vie, Senghor restera socialiste, mais un socialiste chrétien à la manière des travaillistes anglais. À Paris, il rencontre Pompidou qui devient son ami, Ho-Chi-Minh, Aimé Césaire et d'autres futurs personnages politiques.
En 1935 il est le premier noir devenu agrégé en langues et prend la nationalité française. Nommé professeur à Tours, puis près de Paris, il fait la guerre de 1940, prisonnier il passe par un camp de représailles, est réformé en 42 et écrit des poèmes. Il réfléchit à l'avenir de l'Afrique et veut assimiler la culture française sans être assimilé par elle, prône la négritude, le métissage dans tous les domaines. Après un premier mariage avec une Antillaise qui le quitte bientôt sous l'influence de sa mère laïciste, Léopold épouse en 1957 une Normande et obtient plus tard l'annulation ecclésiastique de son premier mariage.
Après la guerre, il se lance dans la politique pour obtenir l'indépendance de son pays dans la collaboration avec la France. Attaché d'abord au parti socialiste français, il est bientôt mécontent de son excessive centralisation uniformisatrice et fonde son propre parti. Quoique chrétien, il réussit à se faire élire dans son pays à large majorité musulmane. Ses relations avec Pompidou facilitent l'admission par de Gaulle du droit des colonies à l'autodétermination. En 1960, son pays choisit l'indépendance dans l'association avec la France. À travers le maquis politique, Senghor réussit à demeurer président du Sénégal pendant 20 ans. Les circonstances l'amènent à créer un parti unique avec régime présidentiel, mais il relâche peu à peu son pouvoir et rétablit le multipartisme. Jamais il ne recherche le pouvoir pour le pouvoir et il se retire volontairement en 1980.
Ses textes poétiques assez rares dans le livre laissent deviner ses qualités d'écrivain inspiré qui le feront entrer à l'Académie Française en 1983. Ses textes de penseur chrétien et socialiste permettent d'admirer la profondeur de ses idées politiques et religieuses. Partout il recherche la symbiose et l'union en politique et en religion. On sent chez lui un homme éminent et un modèle pour l'Afrique si elle veut sauver son âme face à l'Occident technique et matérialiste. - G. Leclair.

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